Je n’ignorais pas qu’en évoquant la Turquie, j’allais déclancher les polémiques. Mais à ce point là, j’avoue que j’en reste pantois. D’abord, je souhaiterais que l’on en reste à la lettre de ce que j’ai écrit et ne pas s’en tenir à des résumés. J’indique dans le chapeau : « Trop tôt, trop tard, mal engagé... » ; mon papier n’est pas un article militant pour l’adhésion de la Turquie car je pense qu’elle est actuellement absolument impossible à réaliser, par la faute d’indécisions ou de faux espoirs mal venus ou encore, du fait de la construction de l’Union elle-même. L’Union, en ne s’engageant jamais sur l’adhésion (ou non !) de la Turquie en est restée à des demi-mesures qui ne contentent personne. Quelque soit l’opinion qu’on peut avoir sur la Turquie, quel autre pays accepterait ainsi de patienter à la porte de l’Europe depuis plus de quarante-cinq ans ? L’Europe a donné de fausses joies à la Turquie et nous risquons de le payer cher en retour. Rappelons également que la Turquie fut l’un des premiers à reconnaître l’Etat d’Israël et depuis, les liens soit avec l’état Hébreux, soit avec les USA, ne se sont jamais démentis. Un internaute, M. Adam, m’indique que l’islam radical se développe partout et que l’Europe n’en est pas « fautif ». Sans doute. Mais sans négliger le rôle des apprentis sorciers et des imams de tout poils, l’Occident, dont les USA par exemple, n’ont-ils pas une part de responsabilité ? La Turquie, pays laïque dans sa constitution, faisait figure d’exemple à part il y a encore quelques années à ce sujet. Les Chinois du XIII ème : je veux bien qu’on utilise des comparaisons, mais cela n’a rien à voir avec la deuxième religion représentée en France. Croyez-moi, je vis au contact de l’actualité de collectivités territoriales dans l’Ouest. Depuis la guerre avec l’Irak (bien que la France ne soit pas engagée), les musulmans modérés ont fort à faire en banlieue ! Un autre internaute m’indique que le mot « génocide » aurait été inventé à l’occasion du massacre des Arméniens. C’est possible. Mais hélas, d’autres peuples ont été victimes d’éradication avant l’Arménie. Il ne s’agit pas de se battre sur l’éthymologie ou le vocabulaire. Pour reprendre l’exemple des Guerres de Vendée, Le Roy Ladurie évalue la diminution de la population à un quart. A partir du XXème siècle, les « moyens » d’éradication ont été, hélas, plus « performants » si l’on ose employer ce terme à propos de massacre. D’accord là-dessus avec P. Adam à propos de l’utilisation des mots. « Nommer mal les choses, c’est ajouter à la misère du monde » a dit Albert Camus. Quant aux Allemands, ils n’ont pas totalement digéré ce passé qui ne passe pas pour reprendre une formule, si l’on tient compte des récentes polémiques. Pour répondre à un autre internaute, les Harkis ont certes été exécutés par le FLN, mais en toute connaissance de cause du gouvernement français, Pierre Messmer, notamment, qui a signé une note les abandonnant à leur triste sort.Cela dit, l’expression de « génocide » est impropre pour nommer ces douloureux événements. Enfin, la loi proposée par le PS, duquel pourtant je me sens plutôt proche, fleure bon la démagogie, ainsi que l’indique un autre article sur Agoravox. Il est exact que des militaires ayant participé au génocide arménien sont entrés dans l’entourage de Kémal, à partir des années 20. Cependant,d’après le Monde diplomatique, par exemple : « Son fondateur, Mustafa Kemal, s’est prononcé des dizaines de fois sur cette question, en condamnant les massacres qualifiés d’infamies et en demandant que les coupables soient punis. Les dirigeants du parti ottoman Ittihad ve Terakki (Union et Progrès) (2) qui ont organisé les massacres ont été jugés en 1926, bien que ces procès aient porté sur d’autres crimes... » Ce que je crois, c’est plutôt que d’élargir l’Europe à 10 autres pays nouveaux, puis deux supplémentaires, et sans aucune consultation démocratique, l’Union aurait mieux fait de créer un « deuxième cercle » de pays qui n’étaient pas encore au niveau des autres, concernant le prix de la main d’œuvre et le PIB. Dans cette conformité à deux cercles, une union commerciale élargie d’une part, et un premier cercle de l’Europe avançant vers une politique commune d’autre part, la Turquie aurait pu avoir sa place. Et les Français auraient peut-être été moins effrayés par le TCE...
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