Bonjour et merci de votre message. Apprendre le travestissement du texte d’Hugo avait été un choc. C’était il y a onze ans... Je crains qu’on censure tout ce qui fâcherait les communautés. De la même façon que les Talibans ont détruit les Bouddhas de Bâmiyan, une police tout aussi efficace mais présentée plus agréablement se charge de censurer ce qui ne conviendrait plus. Ainsi, rapporte Revel dans ses Mémoires, "à
la fin des années
quatre-vingt, aux Etats-Unis, sévit dans les écoles et les Universités un
nouveau genre de terrorisme moral et intellectuel, le (…) « politiquement
correct » (...). En 1988, le cours d’initiation à
Stanford élimine donc Platon, Aristote, Cicéron, Dante, Montaigne, Cervantès,
Kant, Dickens ou Tolstoï, pour les remplacer par une culture « plus
afrocentrique et plus féminine ». Les inquisiteurs relèguent par exemple
dans les poubelles de la littérature un chef-d’œuvre du roman américain, le
Moby Dick d’Herman Melville, au motif qu’on n’y trouve pas une seule femme. Les
équipages de baleiniers comptaient en effet assez peu d’emplois féminins, au
temps de la marine à voile… Autres chefs d’accusation : Melville est
coupable d’inciter à la cruauté envers les animaux, critique à laquelle donne
indéniablement prise la pêche à la baleine. Et les personnages afro-américains
tombent à la mer et se noient pour la plupart dès le chapitre 29. A la porte,
Melville ! (…) L’histoire des programmes d’éducation dirigistes (…) se fondent
tous sur la mise à l’index de grands auteurs, auxquels
les censeurs substituent des auteurs bien-pensants, selon leur point de
vue : des serviteurs de la servitude." Nous vivons la suite de cet écrémage à travers Sandrine Mazetier, ou encore avec les partisans de la théorie du genre. Ces partisans vont à rebours de l’histoire. Toute philosophie s’est construite sur l’observation pour en déduire une pensée. Dorénavant, comme la théorie du genre le montre, c’est une pensée qui précède le réel : ce qui est impossible, à moins de courber le réel. De même, par la même méthode, on revient à justifier le créationnisme. Ainsi, comme l’Europe était entrée dans un âge noir de la pensée au Ve siècle, il est possible qu’aujourd’hui nous concourions à reproduire ces bêtises qui nous plongeraient à nouveau dans les bras de l’ignorance.