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eric 7 mars 2014 06:13

Il me semble que c’est encore un peu plus complique que cela.

Du temps de l’URSS, et cela est reste vrai un certain temps après, dans les passeports, figurait la nationalité et la citoyenneté. A la naissance, on pouvait choisir quand les parents avaient des nationalités différentes. Il en étaient de plus « prestigieuses » ou de plus irredentes que d’autres. Exemple simple, avec un parent juif on choisissait en général l’autre, surtout si Russe.
Résultat des course, de l’ordre d’un peu moins de 60% des hommes et femmes de « nationalité russe » en Ukraine étaient maries avec des « ukrainiens ». de l’ordre de 20% de l’ensemble des ukrainiens étaient maries avec des russes. Les taux de mixité les plus élevés de toutes l’URSS. Tous cela évidemment ne disant rien sur le caractère Russophone ou Ukrainophone ou bilingue des impétrants. Sans parler des autres nationalités (arméniens, caucasiens, coréens soviétiques, présent en Ukraine et par définition principalement russophone), ni des innombrables Ukrainiens disperses dans l’ensemble de l’ex union soviétique.

Il ne serait qu’a peine exagéré de dire que dans l’ensemble, on a affaire a un seul peuple, soviétique.

Le cas de l’Ukraine de l’ouest (Galicie) est spécifique dans la mesure ou elle a été longtemps autrichienne et brièvement polonaise. Ce n’est que dans les années 50 que l’URSS a coup de répression, est parvenu a donner l’impression de l’intégrer.

Pour une partie des ukrainiens de l’ouest, le danger de l’Ukraine actuel, c’est que le poids culturel du russe va naturellement dans le sens d’une disparition de leur langue et de leur culture. Les russophones ont beau jeu de réclamer une égalité des droits linguistiques. C’est comme dans les pays baltes par exemple en Estonie. A peine majoritaire dans leur pays, si les estoniens donnent trop de droit a la langue russe, c’est la garantie soit d’une coupure totale avec la moitie de la population, soit d’une disparition de leur langue. Tous les titres de presse important du monde ont une version russe. Qui va éditer des équivalents des grands titres mondiaux en estonien ? Sans loi protectrice, un kiosque estonien verra la langue estonienne noyée.

Si tu es francophone ou italophone en suisse, tu peux t’appuyer sur un voisin culturellement dynamique. En Estonie....

Même avec tous ces bémols, il me semble que même l’ouest de l’Ukraine est plus « soviétique » qu’autre chose.

Un autre facteur me parait au moins aussi important que l’histoire ou la langue.

L’Ukraine est le principal pays d’émigration en Europe. Les ukrainiens s’expatrient partout, Mais en gros, ceux de l’ouest vont plus a l’ouest, ceux de l’est plus en Russie.

Je l’ai déjà faite, mais c’est important : les plombiers polonais sont parti chez nous et sont remplace chez eux par des plombiers ukrainiens par exemple.

Dans ce contexte, beaucoup de positons peuvent s’expliquer. Si tu as un gosse qui bosse en europe et que tu rentre dans l’Europe, il devient plus facilement légal. Si tu as un enfant en Russie et qu’il n’a plus besoin d’enregistrement, même chose, il ne sera plus, ou moins, exploite par un patron véreux et rackette par des miliciens.
Il y a désormais des coins d’Ukraine ou il existe des pénuries de main d’œuvre et ou le gros de la population ce sont des retraites qui survivent si ils ont un passeport russe avec une propiska quelque part et donc une retraite russe.( qui que je ne sais pas si la propiska est nécessaire)

Je n’apprécie pas beaucoup le régime Poutine, Je suis convaincus que la Crimée est russe. Mais on pourrait dire la même chose d’Odessa ou les gens, même ukrainiens parlent russe et ne verraient sans doute pas de grande différence a changer d’allégeance du moment qu’on les laisse vivre en paix.

Au minimum, je pense que Poutine obtiendra la Crimée a très court terme, peut être un peu plus a moyen terme des lors qu’il y aura eu un précédent.
En revanche, je doute qu’il puisse récupérer toute l’Ukraine.

Cela lui donnera une très grande popularité. En interne, il n’y a pas un russe qui doute que Sébastopol soit une ville russe, et même, il y en a peu qui n’aient jamais été en vacance en Crimée.
Lvov, je crois que c’est assez indifférent a tous le monde.

A long terme, il me semble que quels que soient les succès apparents de Poutine, on aura quand même affaire a un rétrécissement de l’influence russe. Ce qui restera de l’Ukraine sera plutôt hostile, plutôt pro européen, et coupé du poids culturel russe.

Mais fondamentalement, a part que tous ces gens sont et seront de plus en plus nos voisins, russe compris, je ne vois pas trop ce que nous avons a voir la dedans.

Nous ne pouvons pas nous en désintéresser, mais il n’est pas sur non plus qu’il soit bon que nous nous en mêlions trop.


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