Brillante analyse, comme d’habitude, mais je crains que le mal soit plus profond que ça.
Primo, le programme économique du FDG est farfelu. Ramener les écarts salariaux de 1 à 400 (si ma mémoire est bonne) à 1 à 20 (moins que ça, si on tient compte de la vitrification fiscale prévue) est a priori une excellente idée, mais on ne peut pas faire ça en claquant des doigts et sans toucher à la propriété privée des moyens de production, de distribution et de gestion des richesses. Sinon, on imagine l’effet, sur une économie de marché, d’un tel effondrement de l’échelle des salaires. (Beaucoup de gens, et pas nécessairement très riches, se retrouveraient avec nettement moins de revenus que de charges et de frais fixes.) Ensuite les « solutions miracles » du genre chasse à la fraude et aux niches fiscales sont des leurres, en l’état actuel des choses. C’est d’autant plus grave que on ne trouve nulle part de plan pour régler définitivement et par la force le drame de la dette souveraine. C’est normal, car J. Généreux, l’âme économique du FDG, n’est pas autre chose qu’un socialiste-fiscaliste à la Hollande, mais en plus radical.
Secundo, le discours de Mélenchon sur l’Europe et l’Euro est inaudible. Tout le monde parle de refonder ou de réformer l’Europe, mais il suffit de connaître un peu l’Allemagne pour savoir qu’une tête de pioche comme Merkel ne changera jamais d’avis sur rien. Même chose pour ses petits copains du SPD, qui ont eux aussi compris que la politique actuelle est très bonne... pour leur pays. Mélenchon veut faire le « raisonnable », résultat il débite des âneries comme « nous créerons l’Euro des peuples ». Ou a-t-il vu qu’une monnaie, un outil froidement technique, pouvait devenir un substitut de bonnet phrygien ?
Tertio, au moment du coup d’Etat de Valls contre la liberté d’expression (ce qu’on appelle à tort l’affaire Dieudonné) Mélenchon a montré qu’il ne comprend rien à cette notion (comme le dit Chomsky, défendre le droit de s’exprimer des gens avec qui on est d’accord n’est pas un grand exploit) qu’il s’en contrefiche et qu’il serait un Président particulièrement autocratique et intolérant. Dans cet ordre d’idées, l’exclusion du pauvre type qui buvait l’apéro avec son vieil adversaire politique n’est pas anecdotique. Tout ça dessine le portrait d’un dirigeant autoritaire qui n’accepte pas la contestation. Ce qu’on vérifie d’ailleurs sur son blog, où ne sont quasiment autorisées que les remerciements au camarade Jean-Luc et les odes à sa grandeur visionnaire.
Ajoutés aux exactions de M. Laurent, qui a carrément dissout le FDG lors des municipales, ce sont ces divers points (et il y en aurait d’autres...) qui m’ont convaincu de ne pas voter pour le FDG aux Européennes. Et donc, de m’abstenir. Alors qu’elle était prévue depuis des mois, la victoire du FN, soudain présentée comme un séisme, permet aux responsables politiques de tous les bords de ne pas se demander pourquoi leurs électeurs se détournent d’eux. En pratiquant ce méchant petit jeux, ils parviennent à se rendre encore plus méprisables qu’avant...
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