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Milan (---.---.59.232) 15 novembre 2006 20:33

Mon avis et ma connaissance du métier d’enseignant, que j’exerce en lycée après un début de vie professionnelle dans le commerce, convergent entièrement avec le point de vue de notre collègue. Je voudrais apporter quelques précisions.

Je ne connais pas de professeurs parmi les centaines de collègues que j’ai croisés qui soit allé travailler chez Acadomia, quant à ceux qui donnent des cours particuliers, soyons sérieux, deux ou trois heures de soutien payées de la main à la main permettent de boucler une fin de mois difficile, pas d’assurer un réel complément de revenu.

Quand on va faire passer des examens les remboursements assurés par les rectorat sont calculés au plus juste et nous parviennent avec huit ou dix mois de retard. Que dire des livres que nous achetons...Si les enseignants étaient de grands fraudeurs du fisc et de grands prévaricateurs, cela se saurait...

Je ne connais non plus personne qui refuse de secourir un élève qui le mérite. Notre métier est avant tout une passion, comme celui d’artiste, de militaire de carrière, de pompier, etc. Allongez-vous même la liste. Si on allait enseigner en collège en recherchant le lucre et les privilèges, je crois qu’il y aurait foule de candidats, ce qui n’est guère le cas.

Restent nos vacances, eh bien voyez-vous elles sont indispensables. J’ai été ingénieur commercial pendant plusieurs années et travaillais soixante heures par semaines sans sécurité de l’emploi, je garantis que je n’étais pas épuisé comme je le suis en fin d’année. Jamais je n’aurais cru que maintenir l’attention d’une trentaine d’adolescents pendant quelques heures était à ce point exténuant. Je passe en moyenne une trentaine d’heures par semaine dans mon établissement et je travaille ensuite une vingtaine d’heures à la maison ; je précise que je suis parfaitement heureux de mon sort mais je n’imaginerais pas pour autant de préparer mes cours au lycée. N’avons-nous pas tous besoin de périodes de retrait, de solitude et de méditation, professeurs comme élèves ? Va-t-on demander aux députés de siéger sans cesse à l’Assemblée ? Conteste-t-on le droit des artistes de se recréer ? Qui confierait sa santé à un médecin qui travaillerait sans cesse - pour obéir à des impératifs économiques - et ne prendrait pas le temps de réfléchir, de se former ? Savez-vous ce que c’est Madame l’énarque que de connaître un tout petit peu la littérature française ou la science physique ? Ni les enseignants ni les élèves ne trouveraient de bénéfice à un travail d’abattage.

On peut en revanche souhaiter - économiquement et politiquement- de scinder le métier enseignant en deux catégories. De véritables professeurs qui domineraient la littérature, les mathématiques, la philosophie ou la physique et cela pour l’élite de la nation - et de l’autre, un enseignement de masse avec des profs considérés comme des factotums, dans un travail taylorien, pour la masse. C’est exactement ce qui existe au Royaume-uni. Le fait que Madame Royal soit une admiratrice de Blair n’est sans doute qu’une coincidence...

Cordialement à tous.


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