Il faut d’abord préciser : dette brute ou dette nette ?
2 000 milliards d’€, c’est la dette brute de l’Etat. En totalisant
tous les budgets des administrations publiques c’est pire encore (2412
milliards en 2012). Mais la sphère publique a aussi des actifs
financiers comme par exemple des actions (981 milliards en 2012) ; En
conséquence la dette nette de toutes les administrations publiques était
en réalité de 1428 milliards en 2012 soit autour de 70 % du P.I.B et non 100%, brandi comme un épouvantail.
Les 2412 Md€, c’est quand vous rajoutez les délais de paiement et les intérêts courus, a notion budgétaire n’a rien à faire là-dedans.
Les actions, ça regroupe les actions cotées (participation de l’Etat) et non cotées (participations de l’Etat mais également participations des collectivités locales par ex. dans les société d’économie mixte). On peut rajouter les OPCVM de certaines caisses de sécurité sociale.
La dette nette de 1428 Md€ est la dette financière : pour avoir le solde patrimonial net des administrations publiques, il faut rajouter les actifs non financiers (immobiliers et terrains). Et là, les administrations publiques ont une situation patrimoniale positive avec des asymétries : les collectivités locales sont largement excédentaires mais l’Etat a un patrimoine négatif.
Enfin négatif, c’est une façon de parler... pendant longtemps, les administrations publiques en général et l’Etat en particulier ne réfléchissaient que dans une logique budgétaire (entrée et sortie de cash). Avec l’avènement du capitalisme financier, la logique patrimoniale a pris une place de plus en plus importante.
C’est ainsi que certains voudraient comptabiliser les engagements de l’Etat pour les pensions de fonctionnaires dans la dette et s’aligner ainsi totalement sur la comptabilité privée d’entreprises (des multinationales plus particulièrement, cf normes IFRS). Mais ceux-là oublient de comptabiliser un actif d’une valeur inestimable : la capacité que l’Etat a à lever l’impôt...
Quant à la situation patrimoniale de la nation, elle se distingue sur plusieurs points : décorrélation sur ces quinze dernières entre le PIB (qui peut être considéré comme le total des revenus de la nation) et le patrimoine (plus de 7 fois le PIB aujourd’hui). Le patrimoine de la nation se caractérise également par le poids important de l’immobilier (de mémoire environ deux tiers du patrimoine total).
Cette décorrélation est évidemment une mauvaise chose pour l’économie du pays et freine la croissance. Une réflexion doit être menée pour une réforme fiscale de grande ampleur : il faut mieux taxer les activités inutiles à la société (grosso modo celles qui facilitent l’accumulation d’immobilisations).