Saorek
Bravo ! Vous avez bien raison d’enfoncer le clou. Tout a déjà été dit sur la psychanalyse : bien avant la guerre, Karl Popper avait fait apparaître que cette théorie infalsifiable était édifiée sur le sable mouvant des apories. Wittgenstein, Politzer, l’ont sévèrement critiquée. Husserl, dans une oeuvre immense, n’aura jamais daigné y faire la moindre allusion (du moins, à ma connaissance). Ricoeur en avait très bien montré les contradictions et les absurdités dans sa « Philosophie de la volonté ». Enfin, depuis « Les illusions de la psychanalyse » de Van Rillaer, le bouquin de Borch-Jakobsen et Shamdasani, celui de Bénesteau, et pas mal d’autres ouvrages qui rendaient la critique accessible à un plus large public, on aurait pu espérer que les journalistes dont vous parlez auraient fini par comprendre.
Mais il suffit d’écouter les émissions de philosophie « pour les nuls » le matin sur France culture, pour constater que même parmi ceux qui se prétendent « philosophes », le travail critique n’a toujours pas été réalisé. On prend au sérieux la « pensée » de Freud et on lui assigne à peu près le même statut qu’on accorderait à celles d’un Descartes ou d’un Kant. L’inconscient existe, et il est nécessairement freudien, articulé à un processus de refoulement générateur de toutes les névroses. C’est le credo de tous les simples d’esprit.
Aborder la théorie freudienne d’un point de vue rigoureusement philosophique, ce serait d’abord étudier la question d’un déterminisme psychique auquel Freud croyait « dur comme » fer, mais qui était malheureusement hérité d’une physique laplacienne des plus simplistes. Il est probablement regrettable que cette question difficile soit toujours esquivée. On montrera que Freud a menti, que sa démarche n’était pas très honnête, mais ce n’est pas cela qui prouve la fausseté d’une théorie : on peut être un méchant homme et parfaitement compétent dans un certain domaine : Werner von Braun avait été un parfait nazi, mais cela ne l’empêchait pas de savoir construire des fusées.
Il faudra bien encore dix ou quinze ans pour qu’une vieille religion qui ne survit plus guère désormais qu’en France et en Amérique du Sud disparaisse complètement. Je suis extrêmement hostile à toute forme d’euthanasie, mais quand il s’agit d’une théorie aussi fumeuse et criminelle que celle qui nous occupe, il faut à tout prix abréger sa trop longue agonie.
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