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Nicole Cheverney Nicole CHEVERNEY 11 décembre 2014 22:32

@ Zang

Je prends un peu le train en marche, mais devant le sujet délicat que vous soulevez, je n’ai pas voulu commenter à chaud votre article écrit d’une main ferme et libre, loin des clichés véhiculés par la doxa anti-raciste à l’oeuvre dans ce pays. Et ailleurs.

La représentation généralement que les médias véhiculent sur les noirs sont de deux sortes : soit victimes, soit tortionnaires.

Au milieu : rien....

Ou plutôt quelques images d’intellectuels noirs emblématiques : Martin Luther King, Léopold Sanghor, Nelson Mandela, qui, je le rappelle était encore considéré comme « terroriste » jusqu’en 2008, et qu’à sa mort toutes les pleureuses sont venus saluer.

Qui aujourd’hui parlera d’un Toussaint Louverture, ce général Haïtien qui se battit toute sa vie pour l’émancipation des noirs, pour l’abollition de l’esclavage, et qui mena une grande révolte en Haïti, pour venir finir sa vie en prison dans le Doubs. (wiki) ? Cet homme ne mérite-t-il pas que les noirs, eux-mêmes, célébrent sont souvenir, cette symbolique de la résistance ! S’il en est. Et que les blancs dépoussièrent leur vision colonialistes des noirs ?

De cette image de noirs résistants contre l’oppresseur colonialiste, bien peu l’évoquent. On préfère se contenter de véhiculer l’image du noir victime, dans sa posture de colonisé, certes, mais qui n’en reste pas moins, « redevable » au blanc d’avoir bien voulu lui concéder une partie de sa culture, de sa mission civilisationnelle, le fameux « fardeau de l’homme blanc » de Rudyard Kipling. Les blancs (une bonne partie du moins) ont à la fois un sentiment de honte sincère, oui, envers les descendants des populations esclavagisées et à la fois cet espèce de sentiment de supériorité de l’homme blanc, sûr de son fait et de son bon droit, envers celui que Jean-Jacques Rousseau, dans une sorte de naïveté pré-révolutionnaire appelait le « bon sauvage ». Donc, prétendant éduquer, les blancs ont tout simplement dénaturé.

Ajouté à cela, les sentiments contradictoires parfois qu’ont d’anciens bénévoles d’ONG ayant travaillé en Afrique et qui, par une sorte de schizophrénie amour/mépris nient aux Africains la capacité de « s’en sortir un jour ». Mais de quoi ?

Eh bien, la réponse est simple, de pouvoir adopter notre modèle de société moderne dans toutes ses attitudes excessives, en fait reprise exactement du même postulat que Jean-Jacques Rousseau avec son « bon sauvage ».

Bref, Exhibit B mérite-t-il le détour ? Je serais bien incapable, de définir le degré d’esthétisme de cette oeuvre, artistiquement parlant, mais de l’esprit, oui, et d’en mesurer, toute l’ambiguïté et l’hypocrisie.

L’homme noir et sa sur-représentation victimaire ne met pas à l’aise, certes, mais elle interroge sur la finalité de l’exposition. Elle est parlante, et choquante, tant elle reprend la thématique Y’a bon Banania, le pôvre noir torturé, prisonnier, et qui ne fait rien pour briser ses chaînes. Elle est affligeante de ridicule et de ce manque d’altérité qui sous-tend généralement bien des œuvres artistiques destinées non pas dans un but éducatif ou dénonciateur, non ! elle est uniquement destinés aux bourgeois oisifs qui grenouillent dans les expos branchées.

Car si le noir représenté brisait ses chaînes, alors là, oui, l’artiste commencerait à s’inquiéter et de lui-même et de son public qui aurait alors un tout autre regard sur la négritude, et sur l’Afrique, et sur ce continent continuellement spolié, ressources, terres et hommes. La vision étriquée de l’artiste n’y mêle pas une vision économique et sociale. La vision glutineuse et larmoyante du spectateur bourgeois non plus.C’est une sorte de continuum d’images d’Épinal avec les doudous, les fruits exotiques, en fait on est plus proche d’une Joséphie Baker, la pauvre, qui se trémoussait avec ses rangs de bananes autour de la taille, telle que la voulait, l’espérait et l’imposaient ses metteurs en scène et producteurs, bien dans l’air du temps. Le piège à black était consommé, le piège à cons des spectateurs est achevé, ici, avec Exhibit B. La colonisation des esprits va son chemin.

Cordialement.


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