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Wilemo Wilemo 20 décembre 2014 13:39

Les propos de Zemmour (d’une façon assez générale) sont-ils infamants ? De mon point de vue, oui. Ses argumentaires n’en sont jamais. Il commence par une sorte de « phrase-thèse » qui lui sert de postulat sans lequel toute la démonstration tombe, et si l’on a le malheur de mettre en doute le postulat, son objection sera quelque chose qui ressemblera à « on le sait », « c’est bien connu », « c’est comme ça ». Oui, les noirs/basanés sont sur-représentés dans les prisons ; c’est statistique. Mais ça ne dit pas si c’est de la nature de ceux ci d’y être, et le discours de Zemmour tend à vouloir le démontrer. Alors oui, les propos sont clairement racistes.

Mais le problème aujourd’hui, ne se situe pas là, ni peut être même sur la liberté d’expression, et en cela je rejoindrai peut être Bernard29 concernant la liberté de conscience.

Le terrorisme intellectuel du moment, c’est de dire qu’on ne peut pas tout dire, parce que implicitement « les gens »sont susceptibles de tout croire, c’est de penser que « les gens », l’autre, celui qu’on ne connaît pas, ne saurait pas faire la part des choses. Trivialement, « les gens sont cons ! »
Or, on pourrait aussi se dire, a contrario, que cet autre peut tout à fait faire la part des choses, peut entendre ce que dit Zemmour ou machin et ne pas être d’accord, peut trouver que la centralisation intellectuelle sur des problématiques identitaires est absconse, ou que sais-je ! L’auteur d’une parole porte une responsabilité à la hauteur de sa diffusion, certes, mais le lecteur/spectateur/auditeur porte la responsabilité d’avoir une attitude critique, au sens radical du terme.
Ainsi, à tous, je pose une question, à laquelle je ne demande pas de réponse publique : « selon vous, en votre for intérieur, êtes vous plus ou moins clairvoyant-e) que la moyenne des français ? »

Une conséquence du processus en cours, c’est que si l’on défend la liberté de parole de ceux avec qui l’on n’est pas d’accord - ce qui me semble une nécessité et une évidence, puisque défendre la parole de celui qui pense comme nous, c’est juste absurde et non-opérant -, alors, au yeux des défenseurs d’une liberté contrainte -, nous apparaissons comme « faisant le jeu de... » Cette tendance devient effrayante. Plus personne n’ose donner un avis qui ne soit pas consensuel, des pans entiers de sujets deviennent inabordables, les repas de famille deviennent tendus dès qu’on parle d’autre chose que de sujets légers et plus ou moins graveleux.
Il est urgent d’affirmer/réaffirmer la liberté d’expression, et que si l’on doit combattre une idéologie ou des propos, il faut le faire par la contre-argumentation, pas par la négation de la parole. Laisser dire, ce n’est pas être d’accord !
Nous n’avons que trois libertés fondamentales qui s’interpénètrent : celle de penser, de dire et d’agir, que chacune nous développons plus ou moins selon nos moyens. En en diminuant une, nous les diminuons toutes : si on ne peut plus dire, on ne peut plus penser.
C’est le tragique de la période actuelle : des intellectuels invisibles/inaudibles ; des médias moribonds, un processus d’impuissance et de dépolitisation... de la sphère politique même (et non pas des citoyens) ; de la consommation intellectuelle à court terme, et qui s’apparente à de la communication ;basée sur les émotions ; des lieux de construction socio-politiques (initialement, les partis politiques) qui ne jouent pas (plus ?) leur rôle d’éducation populaire... Elles sont là, les années 30, plus que dans quelques épiphénomènes politico-médiatiques.

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