Alors on récapitule les lieux-communs :
1- Les Grecs ne
travaillent pas, attendent que les olives tombent des arbres et ne
vivent que du tourisme
Non, l’industrie (16%) pèse plus que
le l’agriculture (3,4%) dans le PIB grec (source Wikipedia English :
Economy of Greece - 2012). Jusqu’à la crise de 2009, la Grèce a un
taux d’industrialisation annuel de 6% (le plus haut de l’UE). 400.000
personnes travaillent dans l’industrie et 300.000 dans les mines, le
bâtiment et les carrières. Les labos pharmaceutiques arrivent en 2e
position du secteur industriel ! Jusqu’à la crise les entreprises
ont massivement investi dans les Balkans (Albanie, Bulgarie,
Roumanie, Macédoine).
2 - Le gouvernement Grec a fraudé pour rentrer dans la
zone Euro
Oui, comme presque tous les gouvernements (y compris
allemand qui ont aussi maquillé leurs comptes - voir aussi le
scandale Eurostats). Bruxelles savait tout cela et comme chacun sait
Goldman Sachs a aidé le gouvernement grec dans ces maquillages.
3 - Les Grecs ne paient pas leurs impôts et la TVA
Tous
les impôts des salaries (privé ou public) sont prélevés à la
source. Seuls les professions libérales et artisans et bien sûr les
grands groupes apatrides (comme Hellenic Bottling Company, seconde
plus grosse usine d’embouteillage de soda du monde, basée à Athènes
mais avec un siège en Suisse et inscrite à la bourse de Londres)
peuvent frauder. La TVA sur les services est de 23%, le plus haut
taux de toute l’UE, un taux prohibitif qui a l’effet contraire de
celui recherché, surtout en période de crise. Le travail au noir
est estimé en 2009 à 25 % du PIB (15% dans la vertueuse Allemagne,
quand même). A cause de l’austérité imposée par la Troika ce taux
a probablement augmenté depuis.
4 - Le nouveau gouvernement veut l’argent du beurre
hollandais, la margarine danoise et le saindoux de la crémière
allemande
Quand après 5 ans catastrophiques, un gouvernement
pragmatique arrive au pouvoir et constate que la médecine appliquée
est plus néfaste au malade que bénéfique, il essaie de revoir sa
politique pour qu’elle soit plus efficace. A cause du chômage
intolérable (60% des moins de 25 ans) et de l’effondrement
industriel (PIB - 25%), les rentrées fiscales calent. C’est un
cercle vicieux. L’austérité tue la croissance et donc la récession
qui en résulte augmente les déficits. D’ailleurs la dette grecque a
presque doublé en 5 ans, malgré l’effacement d’une grosse partie il
y a deux ans.
La seule solution est une bonne vieille relance
Keynesienne ; en augmentant les salaires de plus pauvres, qui
consomment tout et ne thésaurisent point, on sauve les entreprises
grecques de l’asphyxie. Il s’agit d’une solution pragmatique et non
socialo-marxiste, d’ailleurs appliquée par Roosevelt lors de son New
Deal.
M. Schauble et les chiens de garde de la Doxa européiste
n’ont pas du trop fréquenter la première année d’économie à la
fac. Ou alors, ils ont un autre agenda.
5 – Les Grecs doivent payer quoiqu’il en coûte au niveau
social, humanitaire, etc.
Oui, on a un bon exemple avec
l’Allemagne de Weimar. Les chemises brunes ont remis de l’ordre quand
les politiciens à courte vue n’ont pu résoudre les contradictions
économiques. Ensuite, reconstruire l’Europe dévastée quinze ans
après, a coûté très, très cher.
6 – De toutes façons, les Grecs sont d’incorrigibles feignants, des voleurs patentés, bref qu’ils aillent se faire voir
Arrivé à ce stade analytique la réflexion, je me contenterai de dire que la haine des Grecs, car c’est de cela que l’on parle, à defaut d’être condamnée pénalement, est une grave faute morale.
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