C’est dès les années soixante-septante que les ministères ont commencé à réformer comme des guignols, et qu’il aurait fallu ouvrir sa grande gueule, avec intelligence. La réforme Lichnérowicz apportait quelques bonnes choses, et beaucoup d’excès. Le retour de balancier réactionnaire a peut-être été pire encore.

Ceux qui étaient en troisième en 1975-1977 ont eu à subir dans leurs manuels le coup de la « droite affine », dessinée tortillonnante, et caractérisée par une propriété topologique et une propriété métrique toutes deux incompréhensibles par un adolescent de 14 ans. Dans les années deux-mille, ceux-là étaient des parents d’élèves. Et ils en pensaient quoi, des programmes et des profs qu’ils avaient subis ?

Pendant ce temps-là, les maths avaient remplacé le latin comme outil de sélection sociale. L’obscurité et l’inutilité furent donc plutôt recherchées...

Un jeune prof fut convoqué par le proviseur, dans un lycée huppé du 16e arrondissement :
« M. Untel, je ne doute pas que vous soyez un excellent professeur, mais il va falloir que vous changiez vos méthodes. J’ai reçu une plainte d’un parent d’élève que je ne peux pas négliger, que ce que vous faites, c’est plus des maths car tout le monde comprend ».

Si le corps enseignant avait résisté au ministère en organisant des concertations plus efficaces et plus élargies, l’opinion publique informée aurait fait plier les ministères. On en est fort loin... Ce corps enseignant manque des méthodes de base pour la concertation et la synthèse efficaces. Il manque même de l’éthique requise, de sens du service public, de service du public. La concertation interprofessionnelle lui est parfaitement étrangère.

Certes le poisson pourrit d’abord par la tête, et cette administration de l’EN est d’une opacité et d’une corruption qui passe l’imagination. Etre plus forts qu’elle est très très difficile.