@ l’auteur
Où va l’Europe ? Selon moi, à coup sûr dans le mur !
Vous dites : « La construction européenne s’est faite essentiellement pour des raisons économiques, en laissant de côté les considérations culturelles et politiques. » Tout à fait d’accord. Et j’irais même plus loin : depuis plus de cinquante ans, elle s’est construite avec pour objectif principal de servir la Banque et la Finance. Pas le peuple européen.
Qui contestera le fait que l’Euro, par exemple, n’a eu pour principal effet, en France, que de provoquer une hausse des prix et une diminution du pouvoir d’achat. Quant à libre circulation des biens au sein de l’Union, elle n’existe que dans les livres pour le simple citoyen pour un grand nombre de produits, énumérés dans une circulaire dont nos fonctionnaires européens ont le secret (tabac, alcools, produits pharmaceutiques, produits issus des pépinières, etc...)
Et quand on voit nos deux européens convaincus - Ségo et Sarko - se plaindre de l’Euro fort et de l’indépendance de Trichet et le Président de la Commission Européenne leur répondre, le sourire aux lêvres, qu’un Euro fort permet de payer moins cher le pétrole qui se négocie en dollars, l’automobiliste que je suis en rit encore.
Cela dit, je n’ignore bien évidemment que les grands gagnants de la politique européenne, approuvée par les Européens convaincus - par opposition aux Eurosceptiques qui ne sont toujours, à leurs yeux, que de sombres abrutis qui ne comprendront jamais que « l’Europe, c’est la Paix », ce sont les nouveaux entrants, ces pays dans lequels le niveau de vie à progressé à vitesse grand V en une poignée d’années tandis que la précarité s’installe chez nous et que nos classes dites moyennes ne le sont plus depuis belle lurette.
Cette Europe là, disais-je, ira dans le mur d’abord et avant tout parce qu’elle souffre d’un déficit démocratique récurrent, croissant et intolérable. Pourquoi est-elle, à mes yeux, véritablement technocratique ?
D’abord, parce que ne siègent le plus souvent au Parlement Européen que des recalés du suffrage universel ou des inconnus qui n’ont été élus que par la grâce du scrutin de liste. Interrogez les gens autour de vous et vous constaterez que la plupart du temps, ils ignorent qui est censé les représenter à Bruxelles. Ma région, par exemple - Provence-Alpes-Côte d’Azur - qui est pourtant réputée à droite, l’était, dans la précédente législature, par Danielle De March, communiste. C’est dire ! Qu’en est-il aujourd’hui ? je l’ignore ! Et ce d’autant plus que la région PACA, dans l’Europe, englobe Rhône-alpes, PACA et la Corse ! Eh oui ! Cela s’appelle être proche des citoyens.
Ensuite, parce que la « question de confiance » ou la « motion de censure » n’existent pas dans les institutions européennes, ce qui veut dire que tout ce petit monde, qu’il fasse partie de l’exécutif ou du législatif, est irresponsable politiquement.
Les commissaires européens ne sont finalement que des hauts fonctionnaires nommés qui n’ont de compte à rendre à personne durant leur mandat, pas même aux chefs de gouvernements des états membres, ni surtout à recevoir des ordres de ces derniers.
Enfin, il est inacceptable que le Président de la Banque Centrale Européenne, lui aussi fonctionnaire nommé, puisse à ce point être le personnage le plus puissant d’Europe (souvenez-vous de Wim Duisemberg qui décida de rester à son poste alors qu’il avait été convenu, avec Chirac et Schroeder qu’il se retirerait au bout de trois ans ; voyez la morgue de Jean-Claude Trichet qui se contrefiche des réactions que suscitent en France, notamment, sa récente décision de relever les taux pour attirer les capitaux).
Cette Europe là, qui s’élargit sans cesse, depuis des années, sans l’assentiment des peuples qui la composent, est en fait dirigée par des hommes et des femmes qui, pour ce faire, n’ont jamais reçu des citoyens la légitimité politique nécessaire.
Notre souveraineté budgétaire et financière est entre les mains de Trichet, la Commission prend des directives et le Parlement Européen légifère (enfin, il essaie, tant ses pouvoirs sont restreints), alors même que beaucoup de gens ignorent que le Droit Européen est supranational et s’impose au droit français. Quant aux fonctionnaires européens, ils s’affairent, discrètement, pour que l’Europe Fédérale s’impose un jour à tous.
Car c’est bien leur modèle et leur idéal ! La fédération Européenne est en train de se construire (sur le modèle américain) et personne n’ose le dire, sauf Bayrou qui a au moins le courage d’affirmer ses convictions.
De Gaulle, dont on sait qu’il était favorable à une grande Europe « de l’Atlantique à l’Oural » était partisan d’une Europe des Nations de type confédérale. Mais il était vigoureusement opposé à une Europe qui serait dirigée par « un aéropage de technocrates Européens, irresponsables et apatrides ».
C’est malheureusement cette Europe qui est en train de se bâtir avec, dans quelques jours, et alors même qu’elle ne fonctionne déjà plus, l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie. Et l’on parle déjà, de l’arrivée prochaine de l’Ukraine et de la Géorgie...
Quant à la Turquie, vous verrez qu’elle y entrera aussi parce qu’il est de l’intérêt de l’Europe, sur le plan strictement économique, qu’elle l’intègre aussi. Et au diable le fait que l’Europe soit historiquement chrétienne et que la Turquie soit en Asie Mineure. Les affaires sont les affaires ...
La France, pays fondateur de l’Europe, est dignement représentée au sein de la Commission Européenne : Jacques Barrot y siège avec le portefeuille des transports... C’est dire combien notre influence est grande.
Puisque sous les trois gouvernements de gauche, Charles Fiterman (en 1981), Georges Sarre (en 1988) et Jean-Claude Gayssot (en 1997) ont obtenu ce grand ministère en France, c’est sans doute que les transports sont à la hauteur de la grandeur et de la gloire de notre pays dans l’Europe.
Voici quelques années, lorsque j’étais encore jeune, un de mes professeurs de Droit, farouchement opposé à l’Europe Fédérale, nous avait demandé « Citez-moi une Confédération dans le monde ». Et tous en coeur nous avions bien entendu répondu « la confédération helvétique ! ». Ce jour là, j’ai appris trois choses : 1)la Suisse fonctionne selon un système de type fédéral 2)il n’existe pas d’ensemble confédéral 3) la différence entre la fédération et la confédération.
En effet, ce cher Professeur nous avait alors éclairé sur les véritables enjeux de la construction Européenne en nous disant ceci : la Confédération, c’est la copropriété. Dans un immeuble, chaque propriétaire est libre de faire ce qu’il veut dans son appartement ; les questions communes (ascenseur, cages d’escalier, parkings, espaces verts, interphone, etc) sont réglées par des décisions collégiales. La Fédération,c’est l’indivision. Les propriétaires de l’immeuble sont liés et rien ne peut se faire sans l’accord de tous.
Ce que j’observe depuis longtemps, dans cette Europe, me conforte dans l’idée que ce Professeur, qui était un Européen convaincu, comme moi, était un excellent pédagogue et un visionnaire.
Sur ce, sachez, Cher Monsieur, que j’ai beaucoup apprécié votre article et la pertinence de votre analyse.
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