@njama
 
Objection votre honneur !
 
Samuel Huntington a repris l’expression de Bernard Lewis, spécialiste britannique du Moyen-Orient né à Londres en 1916, ancien conseiller de Benyamin Netanyahou et du vice-président Dick Cheney dans les mois précédant la guerre en Irak de 2003 a été le premier à élaborer une « théorie » sur mesure pour les milieux néoconservateurs : le « choc des civilisations » (expression inventée lors d’un colloque sur les tensions au Moyen-Orient organisé à l’université Jons-Hopkins de Washington en août 1957 au lendemain de la Crise du canal de Suez, puis apparue dans l’article « The Roots of Muslim Rage » de la revue « Atlantic Monthly » en septembre 1990, reprise en 1993 par Samuel Huntington, la coqueluche des va-t-en-guerre d’extrême-droite dans son ouvrage « The Clash of Civilizations, and the remaking of the world ordre » – « Le choc des civilisations, et le refaçonnage de l’ordre mondial »). Une vision binaire entre le monde « judéo-chrétien » occidental dans le rôle du Bien et le monde arabo-musulman dans celui du Mal. Une arme idéologique de désinformation incorporée au « Livre blanc » du groupe de réflexion néoconservateur PNAC – « Project for a new american century » – paru en septembre 2000 qui a servi de feuille de route après les évènements du 11 septembre 2001. Le Livre blanc stipule : «  Further, the process of transformation, even if it brings revolutionary change, is likely to be a long one, absent some catastrophic and catalyzing event – like a new Pearl Harbor  », extrait de la version originale, section V intitulée « Creating Tomorrow’s Dominant Force », page 51, soit 1 an avant le « nouveau Pearl Harbor du 11 septembre 2001 ».
 
Il est plus cohérent de parler de « choc des fondamentalismes » que de « choc des civilisations », entre le fondamentalisme islamique radical et le fondamentalisme « démocratique et libéral » des néoconservateurs, appuyé pour la circonstance par le fondamentalisme protestant américain et le sionisme radical.
 
Il ne vous aura pas échappé que Samuel, Bernard et plus de la moitié des membres du PNAC sont juifs, ce qui m’amène à évoquer l’AIPAC (American Israël Public Affairs Committee – Comité des affaires publiques américano-israéliennes). Le noyau dur du lobby pro-israélien aux US (CRIF puissance 10), tout comme l’« Anti-Defamation League » (LICRA puissance 10). Une des spécialités de l’AIPAC est la collecte de fonds et le lobbying auprès des élus de la nation (sénateurs et membres du Congrès) pour influencer la politique étrangère au Moyen-Orient selon leurs critères. Les cinquante membres du conseil d’administration de l’AIPAC sont sélectionnés selon leurs contributions financières à l’organisation. Les plus riches sont regroupés au sein du « Minyan club », pro-Likoud, et ne partage pas l’opinion d’une grande partie de la communauté juive sur la promotion de la paix au Moyen-Orient. L’organisation héberge également les faux prophètes du « choc des civilisations ». Michael Lewis, le fils de Bernard Lewis, inventeur de l’expression, dirige depuis des années le département d’Information « Policy analysis » de l’AIPAC (anciennement appelé « Opposition Research »), un service spécialisé selon son ancien collaborateur Gregory Slabodkin dans la constitution de « dossiers » pour discréditer les opposants aux intérêts d’Israël et les mouvements en faveur de la paix. Michael Lewis édite une compilation de presse, « Activities Update », périodiquement envoyée à une liste de personnalités sélectionnées, et passe pour être le « maître à penser » de plusieurs néoconservateurs français (source : Michael Massing, journaliste d’investigation, « The Storm over the Israel Lobby » dans le « The New York Review of Books », volume 53, numéro 10, 8 juin 2006 – voir également l’ouvrage de Richard Bonney « False Prophets. The Clash of Civilizations and the Global War against Terrorism »).