Le diagramme de Sankey sert, accommodé à toutes les sauces, à toutes les démonstrations. Initialement prévu pour mesurer les flux énergétiques, c’est-à-dire la croissance régulière des transferts et des besoins, il illustre tous les échanges, le blé, le soja, le riz et toutes les modifications structurelles. Bref tout ce que tout le monde peut percevoir de manière empirique, sans qu’il soit besoin de grossir le trait.
On peut ainsi décalquer la croissance de la mortalité en raison d’une pathologie déterminée avec un pic de croissance puis le reflux.
On peut l’adapter en fait à tous les flux que l’on veut, il n’est donc pas étonnant qu’il vienne apporter une caution de sérieux à des vaticinations apocalyptiques démoralisatrices.
La grande peur de l’an mil aujourd’hui, c’est le réfugié, ce pelé, ce galeux par qui arrive tout le mal : la France s’est engagée à en accueillir 30000 de ces malheureux Syriens ( qui lui doivent, entre autres responsables, la catastrophe qui les frappe ) et ces quelques milliers de gueux suffisent à ébranler les fondements de l’état.
C’est grave, docteur, hé, oui, c’est très grave !
On voit bien que ce qui mine la France aujourd’hui et participe à sa
décadence, ce ne sont pas les apports extérieurs de population, le
sang neuf qui régénère, mais c’est que la France ( et la majorité
des pays de la vieille Europe ) a intériorisé la fatalité de son
déclin, s’y résigne et le combat par la nostalgie.
Ayant de
lui-même une piètre estime ( surtout quand il revendique avec
d’autant plus de force son appartenance à une culture qu’il en est à
la marge ) le Français moyen est nécessairement incapable d’aimer
les autres ; il se recroqueville en position fœtale sur ses
petites misères et subit une mythologie mal digérée, il
rejoue la chanson de Roland, embouche, comme un vulgaire philosophe
de petite lucarne, l’olifant de la résistance, refait la bataille de
Poitiers qui ne fut qu’une escarmouche, participe au culte de la
prophétesse Jeanne, sainte laïque de la république, il se rêve (
ou plutôt se laisse porter à rêver )un destin rétrospectif et il
laisse ainsi passer le train de l’avenir.
Pour le plus grand profit de la pieuvre mondialiste qui voit bien où
ce situe son intérêt dans la robotisation des comportements, dans
la fabrication de zombies programmés pour avoir peur de leur ombre
et pour être intégrés dans la discipline internationale du travail ( et dans l’armée de réserve ), prêts à s’étriper pour mettre les mains dans le
cambouis en bons petits soldats.
Et grâces en soient rendues à
nos thuriféraires du déclin, nos prêcheurs d’apocalypse, qui ne
vont plus par les routes et chemins comme en l’an mil mais sautillent d’un plateau médiatique l’autre pour débiter leurs salades.
Ces Zemmour, Fienkielkraut et maintenant Onfray dont les litanies
sont reprises dans cet article de fin du monde crépusculaire.
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