L’interprétation la plus poignante fut celle de Silvia Monfort qui habita le rôle d’Éponime avec une grâce angélique infinie. (1958)
« Sans attendre qu’il lui dît d’avancer, elle entra. Elle entra
résolument, regardant avec une sorte d’assurance qui serrait le cœur,
toute la chambre et le lit défait. Elle avait les pieds nus. De larges
trous à son jupon laissaient voir ses longues jambes et ses genoux
maigres. Elle grelottait. […]
La jeune fille allait et venait dans la mansarde avec une audace de
spectre. Elle se démenait sans se préoccuper de sa nudité. Par instants,
sa chemise défaite et déchirée lui tombait presque à la ceinture. Elle
remuait les chaises, elle dérangeait les objets de toilette posés sur la
commode, elle touchait aux vêtements de Marius, elle furetait ce qu’il y
avait dans les coins.
— Tiens, dit-elle, vous avez un miroir !
Et elle fredonnait, comme si elle eût été seule, des bribes de
vaudeville, des refrains folâtres que sa voix gutturale et rauque
faisaient lugubres. Sous cette hardiesse perçait je ne sais quoi de
contraint, d’inquiet et d’humilié. L’effronterie est une honte.
Rien n’était plus morne que de la voir s’ébattre et pour ainsi dire
voleter dans la chambre avec des mouvements d’oiseau que le jour effare,
ou qui a l’aile cassée. On sentait bien qu’avec d’autres conditions
d’éducation et de destinée, l’allure gaie et libre de cette jeune fille
eût pu être quelque chose de doux et de charmant. Jamais parmi les
animaux la créature née pour être une colombe ne se change en une
orfraie. Cela ne se voit que parmi les hommes. »
Il est rare qu’un ancrage visuel coïncide dans la transcendance avec fidélité et subtilité avec l’écriture. Quand cela advient, nous sommes alors en communication absolue.
Dans ces moments là, l’humain et le divin se confondent, c’est l’extase intérieure.
Merci Sivia-Éponine toujours je me souviendrai de toi.