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VDJ VDJ 29 décembre 2015 14:15

L’acte fondateur le plus important de la stratégie américaine est la création du Cuban Refugee Program (programme des réfugiés cubains) en Février 1961. D’abord conçu comme une extension du programme d’aide aux réfugiés Hongrois de 1956, il était aussi construit autour de la volonté de résoudre le problème d’installation des immigrés cubains en dehors de l’état de Floride, en attentant leur retour à Cuba. Le coût initial du programme avait été estimé à 4 millions de dollars, mais son application se prolongea jusqu’en 1975 pour un coût d’environ 1 million de dollars par an (devenant du coup, parmi tous les programmes similaires, le plus cher jamais entrepris aux Etats-Unis).

Cette prolongation s’explique, notamment, par l’échec de l’invasion de la Baie des Cochons en 1961 et les suites de la crise des missiles en 1962 qui provoquèrent un changement dans la vision des Etats-Unis sur la durée supposée de la Révolution cubaine et en conséquence, sur la manière que le programme devait être appliqué.

Parmi les plus belles incohérences (apparentes) de la politique américaine, citons la Migration and Refugee Assistance Act (Loi sur la migration et l’assistance aux réfugiés) votée en 1962 et suivi la même année par la décision du président Kennedy de suspendre les vols entre les Etats-Unis et Cuba. Cette dernière mesure - surprise - eut pour conséquence l’abandon sur place de dizaines de milliers de cubains qui se retrouvaient séparés de leurs familles déjà installées aux Etats-Unis. La seule alternative légale était d’obtenir un visa pour un pays tiers et, de là , tenter une entrée sur le sol américain selon les règles en vigueur pour tout immigrant potentiel. Cependant, ceux qui émigraient de Cuba de manière « illégale » et entraient aux Etats-Unis sans avoir eu recours aux procédures légales étaient accueillis malgré tout et recevaient un traitement de faveur.

Cette situation provoqua une grande vague d’émigrations illégales - selon les termes mêmes des lois américaines en vigueur - pour atteindre le nombre de 30.000 entre 1962 et 1965. La réponse des autorités cubaines fut d’ouvrir, fin 1965, le port de Camarioca, dans le nord-ouest de l’île, afin de permettre aux bateaux des émigrés cubano-américains de venir récupérer leurs familles dans des conditions de sécurité suffisantes. Durant les mois d’Octobre et de Novembre de cette année, environ 2.700 personnes émigrèrent par ce moyen, obligeant les Etats-Unis à signer le « Memorandum of Understanding » en Décembre 1965, premier accord bilatéral sur le traitement de l’émigration.

Dans cet accord, le gouvernement américain s’engageait à autoriser l’immigration de 3.000 à 4.000 cubains par mois, en accordant la priorité aux regroupements familiaux. De son côté, le gouvernement cubain instaura des restrictions pour les personnes considérées comme indispensables pour l’économie cubaine ainsi que pour les jeunes âgées de 15 à 26 ans.

Durant les 8 années que dura cet accord, environ 250.000 cubains purent émigrer, dont 90% avaient déjà une partie de leur famille là -bas.

Mais l’existence de cet accord ne modifia en rien les relations entre les deux pays. Même lorsque ces départs étaient totalement volontaires et effectués dans un cadre juridique clairement défini, par des moyens de transport appropriés, les Etats-Unis continuaient d’appliquer indistinctement le terme de « réfugiés politiques ». Les vols étaient qualifiés de « Freedom Flights » (Vols de la Liberté) et aucune distinction n’était faite entre immigration légale ou clandestine. Durant la même période, environ 10.500 cubains entrèrent illégalement sur le sol américain et recevaient le même traitement qu’auparavant.

En 1966, l’administration Johnson approuva la « Cuban Adjustment Act » qui accordait automatiquement l’asile politique à tous les immigrés cubains et réduisait les délais administratifs pour l’obtention d’un permis de séjour permanent et de la citoyenneté américaine.

Doris Meissner, membre de la commission de l’US Naturalization and Immigration Service (le service en charge de l’immigration aux Etats-Unis) décrivit cette loi comme "une honte nationale par la nature discriminatoire qu’elle oppose entre différentes communautés d’immigrants et les possibles manipulations politiques qu’elle implique".

http://www.legrandsoir.info/cuba-et-migrations-jeux-enjeux-et-double-jeux.html


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