(Je vais parler du Nord, rural, que je connais, pas du Sud, Nouméa que je ne connais pas concrètement).
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Cela
dépend, certains ont leur propre atelier de conditionnement, d’autres
s’entendent avec un poissonnier. Il y a un colporteur qui s’est acheté
trois maisons, dont une en métropole...
Je ne veux pas être trop précis, l’île n’est pas grande et ce n’est pas le but ici. Mais ils vont bien.
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Un
tazar (entre 15 et 20 kg) est acheté 2000 francs au pêcheur. Le filet
(500 g) est vendu 1000 francs dans les rayons poissonneries des
magasins. Donc questions marges, il y a de quoi aisément s’entendre
entre le colporteur et le vendeur final.
Les pêcheurs sont payés
au quai. Ils s’achète en premier lieu des congélateurs et certains des
machines à glaces pour des ventes ambulantes. Un atelier c’est un bâti
et des équipements beaucoup plus onéreux, ce qui n’est pas dans leur
budget. Il y a eu de projets qui ont fait l’objet de financements
publics mais qui n’ont rien donné.
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Ceux qui percent et font un
bon bizness sont les caldoches (descendants d’anciens bagnards) ou
métis. Ce sont des propriétaires terriens polyactifs (élevage,
agriculture, chasse, pêche).
Les kanaks de la commune dont je parle
vivent en tribu, en foncier coutumier et obéissent à d’autres règles de
vie sociales. Je connais plusieurs tentatives de coopératives avec eux
depuis les 30 dernières années, mode d’organisation qui semblait
a-priori le mieux calqué avec leur organisation d’existence, aucune n’a
marché.
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Pour un kanak, le taf c’est soit : la vie en tribu
(auto-subsistance et ils savent faire), avec de temps en temps un
contrat de quelques mois pour ramener des sous, ou bien quitter la tribu pour
aller en emploi et s’installer en agglomération. Si, avec le temps, on
laissait tomber la vie en tribu, cela pourrait aller, mais ce n’est pas
du tout à l’ordre du jour et tout le monde est d’accord là dessus. Et cette semaine, j’ai discuté encore avec trois adultes kanaks, nés à Nouméa, étaient salariés, qui ont préféré revenir avec leurs enfants dans la famille d’origine en tribu.
Il
commence à y avoir des indépendants (conducteurs de cars ou engins,
espaces verts...mais c’est tout juste émergeant, avec des clients
uniques, institutionnels ou grosses sociétés).
Il manque ce niveau
intermédiaire, prendre conscience que les tribus, les communes rurales
sont aussi des pépinières à activités (aussi bien de la part des kanaks
que des administrations publiques qui aident à l’économie).
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Autre
exemple : une mairie, avec que des élus kanaks ont soutenu, avec des
financements divers, la construction d’une cantine pour toute la
commune. Grosse attente pour les pêcheurs et producteurs de la commune.
Elle tourne à 300 repas par jour, maintenant.
Mais, avec les normes
et les obligations des commanditaires, toutes les fournitures
alimentaires sont importées et les produits carnés sont des congelés.
C’est ballot. Des enfants qui habitent en bord de mer et qui mangent des
poissons carrés, laissés par des parents pêcheurs, ça énerve un peu. Et
les élus sont des indépendantistes.
Mais voilà, même s’il y a des
discours sur l’économie locale, il y a résistance dans le réel à poser
et partager les réflexions, tant du côté des producteurs potentiels, pas
habitués à un schéma d’économie formelle, que du côté des
institutionnels qui n’arrivent pas à sortir des logiques
bureaucratiques et réglementaires établies.
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