Cette loi est avant tout symbolique. On se doute bien que des familles parties depuis des siècles ne vont pas soudainement demander la nationalité espagnole.
Dans la foulée de la reconquête perçue comme une croisade catholique on a sommé les juifs de se convertir. La plupart l’ont fait pour sauver leur vie beaucoup ont continué à pratiquer leur religion en secret.
A partir de 1492, les marranes (juifs convertis) deviennent une obsession pour les portugais et les espagnols. Il s’agit de prouver qu’on a le sang pur. Ce concept de « limpieza de sangre » désigne les « vieux chrétiens » qui n’ont pas d’ascendance maure ou juive. Prouver la pureté de son sang devient l’obligation pour obtenir le respect social. De son côté la royauté utilise les marranes pour emplir ses caisses souvent vides par de lourds tributs et en empruntant sans souvent rembourser aux plus riches marranes souvent marchands. Elle alterne entre tolérance relative et désignation d’un bouc-émissaire quant le peuple gronde.
Cela suscite le départ progressif des marranes aux XVIème et XVIIème. La plupart vont d’abord en France puis beaucoup partent vers le pays le plus tolérant envers les juifs au XVIIème : les Provinces-Unies. Ils vont contribuer au succès économique de ce petit pays protestant devenu la première puissance maritime d’Occident.
Il y a donc une longue histoire complexe et douloureuse du XVème au XVIIIème entre l’Espagne et sa population juive. On peut comprendre aujourd’hui que les espagnols veuillent au moins symboliquement refermer la page d’un antisémitisme qui a été sans doute l’un des plus violent en Europe.