L’ouverture des zones commerciales n’est qu’indirectement responsable de la fermeture des commerces de centre-ville.
Le premier problème que les commerçants doivent affronter est l’inadéquation de leurs locaux, ainsi que la modification radicale des besoins de la population.
Les commerces occupent en général le rez-de-chaussée d’un immeuble, ce qui limite dès le départ la surface disponible à moins d’investir l’étage du dessus.
Ces magasins étaient conçus pour la vente de produits peu nombreux en terme de références différentes, ou alors il s’agissait de produits de petite taille ou faciles à ranger, comme des rouleaux de tissus.
Mais maintenant, plus personne ou presque ne fait ses propres vêtements. Marchands de tissus, merceries et laineries ont disparu et leurs locaux, disponibles, ne sont pas faits pour accueillir des vendeurs de frigo, tout comme le plus souvent les rues adjacentes ne sont pas faites pour les moyens de livraisons actuels.
Ces espaces sont donc voués à rester vide ou à devenir des locaux de services.
Il y a aussi les cas des immeubles qui interdisent certains commerces dans leurs règlements internes pour des raisons sanitaires ou de confort des habitants qui n’ont pas envie par exemple d’entendre le boulanger travailler à 3 heures du matin sous eux.
La désertification des commerces est aussi un contre-coup des modifications plus profondes de l’économie : des dizaines de milliers de bars et de restaurants ont fermé depuis les années 50 à cause de la mécanisation massive de l’agriculture. Quand on n’a plus besoin que de trois ouvriers au lieu de trente par ferme, un petit village ne peut plus faire vivre 5 bars et 4 restos comme avant. Il en restera au total un ou deux mais guère plus, et le reste ira nourrir les friches commerciales.
Comment remédier à cela ?
Ce n’est pas facile. Cela suppose de lourds investissements pour rénover et agrandir les locaux commerciaux, avec les difficultés techniques et légales que cela engendre.
On peut aussi forcer les propriétaires à recycler leurs locaux abandonnés. Rien n’est pire pour une rue que de voir perdurer un magasin fermé pendant des décennies ou la façade affiche toujours son ancien numéro de téléphone à 6 ou 7 chiffres !
Soit ils en font des habitations, soit ils en font des locaux associatifs, ce qui permet de refaire circuler de la population dans le quartier.
Mais là on se heurte souvent à des règlementations municipales ou l’hostilité des riverains qui ne « veulent pas de cela chez eux ».
Rien n’est simple...