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Christian Labrune Christian Labrune 15 février 2018 13:05

La famine en Algérie des années 66-68 est analysée d’une manière extrêmement documentée dans l’article qu’on trouvera à cette page. J’en donne un extrait, soulignant quelques formules intéressantes.

http://journals.openedition.org/rh19/4051

« La nature des événements d’Algérie décrits dans les sources contemporaines comme une « misère », puis comme une « crise démographique », est complexe et les traces en sont ténues. Si la famine peut être aujourd’hui réinventée comme un « crime colonial », c’est en premier lieu parce qu’elle a été construite comme événement à partir de fragments épars. Entre 1866 et 1868 en effet, il n’y a pas une crise, mais des incidents qui incluent à la fois des événements très localisés et des phénomènes se déployant à une échelle plus vaste. Ainsi la « crise » englobe les effets dévastateurs de l’épidémie de choléra qui atteint l’Algérie en 1867, ceux des invasions de locustes grégaires, un tremblement de terre, la sécheresse de plusieurs étés, l’hiver rigoureux de 1867-1868, autant d’incidents qui apparaissent dans les archives sans lien les uns avec les autres. En effet, dans le cadre de l’administration habituelle des populations et des territoires, il s’agit seulement, la plupart du temps, d’expliquer brièvement des déplacements de populations ou des rentrées fiscales plus faibles. Une sécheresse laisse peu de traces dans les archives avant l’établissement des services météorologiques au cours des années 188010, et il n’existe pas de rapports de synthèse avant que le scandale ne les impose comme une nécessité politique. Cette absence d’archives reflète sans aucun doute un mode de gestion « artériel » plutôt que « capillaire » qui, selon Frederick Cooper, caractérise la nature du pouvoir colonial11. En ce sens, les pouvoirs coloniaux des années 1860 sont tout sauf omnipotents et omniprésents. Mais cette absence reflète aussi le fait qu’il s’agit non d’une crise unique mais d’une chaîne d’événements et de situations se déroulant dans un vaste territoire et dont les causalités demeurent obscures aux yeux des observateurs. »

Je préfèrerais évidemment que la France et les pays européens ne se fussent jamais embarqués dans des aventures coloniale, et particulièrement dans l’aventure algérienne. Il reste que j’aimerais quand même bien savoir si l’Algérie a jamais été avant 1830 un état autonome avec des frontières définies. La colonisation romaine en Algérie comme en France (nous autres Gaulois, nous avons été aussi colonisés !) aura eu des effets bénéfiques. La pire chose qui soit arrivée à l’Algérie, ce n’est pas d’avoir été colonisée sous le règne de Charles X, mais d’avoir subi la tyrannie des Omeyyades dès la fin du VIIIe siècle. Un pays colonisé sans l’islam (voir les pays d’Extrême-Orient) parvient toujours à s’en sortir, et même à tirer profit de sa proximité avec une autre civilisation : les Chinois, les Japonais, les Tonkinois, ne nous cassent guère les pieds avec des ressentiments qui seraient pourtant aussi légitimes que ceux qu’on observe encore dans les pays du Maghreb. Apparemment, ils ont d’autres chats à fouetter, et on s’en réjouit pour eux.

Il semble que l’Algérie actuelle puisse n’être pas à l’abri de nouvelles « famines », si j’en juge par cet article et celui auquel on renvoie à la fin et qui en serait la source. S’agira-t-il encore d’une famine conséquence d’un colonialisme qui a pris fin il y a plus de cinquante ans ?

https://www.djazairess.com/fr/lexpression/50399

Au cimetière de Montmartre, je ne passe jamais devant la tombe de Guillaumet sans m’arrêter un moment. C’est l’une des plus belles. Elle est surmontée d’un bronze de Barrias représentant une jeune algérienne jetant des pétales de fleurs. Au Louvre, plus belles que les peintures de Delacroix, il faut signaler celles de Gabriel Decamps, quelques-unes aussi de Fromentin et de Chassériau, qui évoquent les paysages du nord de l’Afrique.


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