Bonsoir à tous,
Merci pour vos réactions. Elles me sont pratiquement toutes acquises, mais comme le faisait remarquer l’un d’entre vous, c’est parce que ne sont éclairés par cette information que ceux qui veulent bien l’être. Or, très malheureusement, il n’y a pas qu’à des ignares obtus que cette disparition passe par dessus la tête. Je suis personnellement effaré de constater à quel point elle est passée inaperçue, alors que je suis loin de considérer que nos journalistes sont tous des abrutis. C’est donc à nous de faire passer le message de l’importance de cette information, et pas que pour des raisons du style : « pauvres chéris, ils ont disparu », mais plutôt : « quel dommage, quel gâchis et quelle perte irréparable » ! Heureusement, Agoravox l’a mis à la « une », et, très furtivement, Yahoo aussi parmi les éditos.
Mais sur Yahoo, un énième éditorial à la sauce « Sarcophage veut une France plus juste, alors que Dégouline veut plus de justitude en France » a très vite pris le dessus. Je n’ai rien contre le journaliste qui l’a rédigé, bien au contraire, mais subitement, je l’ai trouvé sordide, et je me suis senti envahi par la... lassitude. J’ai beau suivre à peu près régulièrement les dépêches, y compris sur des sites de vulgarisation scientifique, je n’ai appris l’extinction de Lipotes qu’hier soir (!), en feuilletant le Science & Vie (avec beaucoup de retard), et même là, il n’a eu droit qu’à un encart ridiculement petit. J’ai sûrement péché par manque de vigilance, mais tout de même ! Comme je l’explique dans l’article, il ne s’agit pas d’une espèce dans un genre comportant des dizaines d’autres, Lipotes est unique parmi les dauphins dont il s’est séparé depuis quelque 20 à 40 millions d’années (les études ne sont pas claires, et les classifications traditionnelles restent frileuses sur le sujet). L’incendie du parlement de Rennes ou la destruction des bouddhas afghans, dont l’édification a pris bien moins de temps et que l’homme est capable de reconstituer, ont suscité de tollés nationaux, voire mondiaux. Quand nos beaux esprits accepteront de regarder la biodiversité comme une richesse culturelle dont l’importance est au strict minimum égale à celle des vestiges du passé de l’homme et est d’autant plus grande que l’espèce est particulière et ancienne ? Comme le dit l’un de vos commentaires, pour beaucoup, « c’est normal, il n’est plus adapté ». Soit qu’ils regardent la chose sous l’angle d’une sélection naturelle à leur sauce -la sélection naturelle n’existe plus depuis que l’homme a imprimé sa marque personnelle sur le processus-, soit, pire encore, qu’il s’agisse d’une réminiscence plus ou moins consciente de superstitions religieuses du genre « les espèces sont destinées à disparaître au profit de l’homme, aboutissement de la création, parce que Dieu l’a voulu ainsi ».
Il est normal que nous voyions notre environnement de manière égoïste, par rapport à nous, humains. Mais c’est justement pour nous, humains, que nous avons intérêt à le préserver. Et ça, par contre, ce n’est pas égoïste du point de vue de l’individu, même si ça l’est pour notre espèce ; personnellement, je ne tiens pas à léguer à mes descendants un monde où les animaux se limiteront à quelques races de vaches ou de porcs, ou à des clébards dégénérés merdant sur les trottoirs (les grands animaux ; parce que pour les petits, rats, mouches, moustiques et parasites et commensaux de l’homme en tout genre, ce sera « croissez et multipliez-vous » dans le sillage des déchets humains). Et ça, c’est la vision optimiste. La vision pessimiste, ce sera un monde fortement dégradé avec une qualité de vie épouvantable. Des films tels que Mad Max ou Soylent Green ne représentent pas qu’un futur improbable. Car, à mon avis, et contrairement à ce qu’en disent beaucoup d’écologistes (et certains d’entre vous ici), l’espèce humaine ne disparaîtra pas, sauf guerre nucléaire totale (et encore). Mais ses descendants pourraient bien vivre un enfer dans un environnement très dégradé que ne compenseront pas les avancées scientifiques et technologiques.
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération