Des grands travaux pour « qu’on se « sente » tous européens, au fond des tripes » ?
Les grands travaux sont une nécessité économique avant tout. Thalys, Eurostar, Lyon-Turin : les réalisations et projets existent. Les réalisations économiques (l’Europe du bien-être) sont une nécessité préalable à la pose de toute pierre « sentimentale », civique, communautaire : pour qu’on aie envie de s’établir en tant que peuple européen, il faut que notre rassemblement serve les intérêts matériels de tous. Il y a du boulot à ce niveau, surtout en France, c’est évident. Mais ce n’est pas ce qui créera une conscience européenne, l’Europe des tripes.
Selon moi, nous sommes aujourd’hui à un tournant : l’Europe par les échanges éco et la mise en commun des intérêts stratégiques (CECA, CEA, CEE, UE, monnaie unique) n’a pas créé de sentiment européen. Alors que c’était l’objectif affiché des pères fondateurs. Ton idée des grands travaux est encore une illustration du postulat matérialiste de ces pères fondateurs, qui est encore celui de « l’Europe par la preuve » ségoléniste : l’Europe vue uniquement comme une communauté d’intérêts matériels, et pas comme, aussi, un rêve en marche.
Il est temps d’agir pour que l’Europe signifie quelque chose au niveau des peuples eux-mêmes, de leurs consciences. La libre circulation, de ce point de vue, a « juste » fait sauter les verrous.
La citoyenneté européenne du traité de Maastricht permet de voter aux élections locales. C’est un infime début.
Il faudrait avant tout que nos candidats majeurs en aient quelquechose à f... de l’Europe et de la belle utopie qui préside à sa création. Exemple : le service civique. Il existe au niveau européen et ceux qui l’ont fait en sortent européens jusqu’au bout des doigts. Pourtant, il est extrêmement marginal. Et même Bayrou, candidat de l’européiste UDF, n’évoque pas (dans sa proposition sur bayrou.fr) la dimension européenne. Royal non plus, évidemment. C’est affligeant.
Maintenant, rendons Erasmus systématique ; donnons aussi systématiquement une dimension européenne au service civique voire, soyons fous, aux services publics. Etablissons des listes européennes aux élections européennes, qui doivent avoir toutes lieu au même moment, dans des circonscriptions définies par l’UE (pourquoi pas des circonscriptions transfrontalières ?). Créons un referendum d’initiative populaire européen. Créons des jurys européens dans des cours d’assises européennes pour les crimes à dimension communautaire. Abandonnons notre obsession de la francophonie pour faire avancer l’Europe.
Soyons des Newropeans.
[Finalement, la question est la même que pour la construction de la nation : l’Etat, lorsque c’est lui qui a forgé la Nation, a du s’appuyer sur des mythes (cf Imagined Communities, de Benedict Anderson) ; la religion a été un mythe puissant, l’idéal civique révolutionnaire aussi. L’Europe, si elle ne veut pas se référer à la religion pour se constituer en communauté « chaude », doit poursuivre un idéal revendiqué. Le brassage, le métissage... Je crois que la France, pour pouvoir de nouveau se placer sur ce terrain -et arrêter par exemple de se crisper sur la francophonie, doit d’abord retrouver un élan.]
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