Une fois encore je constate que ceux ou celles qui en savent le moins sur un sujet sont les mêmes qui ont les avis les plus définitifs sur le sujet en question.
Je vois mal en effet Paris « à l’américaine » constitués de myriades de pavillons entourés de pelouses et sillonné par des kilomètres de rues. La ville s’étendrait alors grossièrement dans un cercle de plus de 50 km de rayon avec toute l’artificialisation des sols correspondant et un désastre pour la nature et la biodiversité (Paris est l’une de villes et la capitale la plus dense du monde).
Pour ce qui est de « rapprocher les lieux de travail de l’habitat » je ferais remarquer que c’était le cas autrefois :
Lors du siège de Paris (septembre 1870 à février 1871) si la population a souffert de la famine la ville n’a jamais manqué de fusils, de canons ou de munitions, pas même durant la Commune (mars — mai 1871) pour la bonne et simple raison que les usines et les manufactures se situaient dans la ville (idem pour la toile, l’hydrogène des ballons, etc.).
A l’époque mon arrière-grand-père, frais émoulu de l’école d’architecture s’est engagé dans la garde nationale et a combattu les prussiens. Il s’est trouvé qu’il était dans le bataillon commandé par Eugène Varlin, l’un des dirigeants de ladite Commune, et qu’après avoir échappé à la Semaine Sanglante il fut ostracisé et s’exila en Algérie où naquit mon grand-père, président jusqu’à sa mort de l’Ordre des Architectes d’Alger. Mon père, quant à lui, bien que n’étant pas lui-même architecte a quand même dessiné les plans de sa maison. J’ai eu, dans ma jeunesse quelques idées originales pour concilier densité de population et espaces verts, idées ressurgissant très récemment.
Pour en revenir à la proximité du lieu de travail et de l’habitat, il n’est pas si loin le temps où « il ne fallait pas désespérer Billancourt » (j’ai eu l’occasion d’y faire un contrat à la fin des années 80).
Mais la Paris de ma jeunesse était gris et noir de crasse et de pollution, revoyez les photos d’époque. Quand j’entends les cris d’orfraie hurlant qu« on » ne fait rien contre la pollution ... La densité de particules fines à l’époque était 80 fois plus forte qu’aujourd’hui, une paille.
Tout ça pour dire que le problème de l’esthétique et de l’agréable en architecture est loin d’être simple quand on parle de loger des millions de personnes et que les jugements à l’emporte-pièce sur l’architecture n’ont aucune valeur, surtout quand ils sont émis par des personnes n’y connaissant rien.
Ceci étant je déteste Beaubourg, les Halles et la pyramide du Louvre. L’acier et le verre font rarement de beaux monuments face au bois et à la pierre (quelques exceptions comme la tour Eiffel, jugée « d’une laideur incommensurable » à l’époque de sa construction).