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PascalDemoriane 21 mars 2019 16:16

@Hervé Hum

Merci pour vos objections. Ne polémiquons pas, nul n’a raison ni tord. Voyons ce qui nous désynchronise.

Dans la trajectoire intellectuelle passant par Marx&Engels, qui semble être celle mal comprise de l’article d’Empédocle, (et qui est la mienne) nous, nous ressentons la nécessite de prolonger la posture critique vers le langage lui-même, considérant que c’est le mode production qui détermine les concepts qui le décrivent, en rendent compte, en sont la modélisation mentale langagière, bref l’idiome. Et pas l’inverse, selon lequel les mots assemblés en textes, idées et théories feraient lois et contrats déterminant le réel des modes de production.

Dans cette perspective qui est la nôtre, les mots n’ont pas de sens « en soi » mais bien évidement que relativement les uns par rapports aux autres, discrimination, opposition... le tout bien sûr suivant la dynamique évolutive historique de ces modes de production. Les mots surgissent du moment de leur nécessite productive, notamment technique. Il n’y a donc pas de langage neutre, de lexique neutre, même pas de syntaxe neutre, transposable d’une civilisation à l’autre, d’une époque à l’autre, d’une écologie à l’autre.

Dans cette méthodologie, nous ne parlons pas avec les mots ni du dictionnaire académique, ni du sens commun, mais avec le lexique de notre modélisation conceptuelle, disons « marxienne », un peu comme le physicien emploi un langage mathématique dont l’étymologie n’a aucune importance (on se fiche de savoir que le watt est le nom de James Watt). Ceci précisément pour en neutraliser autant possible les interférences polysémiques et associatives subjectives, mais pas seulement.

C’est que chaque concept posé renvoit à un processus dialectique historique qu’il s’agit de situer dans un scénario d’ensemble de l’évolution humaine.

Ainsi par exemple la « communauté » en tant que processus premier n’est pas la « société » ni le « peuple », pas le démos, ni d’ailleurs le génos qui en est une forme évoluée déjà socialisée.
Mais du point de vue dynamique, on observe qu’un sujet socialisé problématise sa communauté, ressent une contradiction structurelle entre les deux, alors qu’un sujet communautaire préservé du social développé ne le fait pas. La notion de « peuple » n’est rien d’autre que la contradiction entre le socle communautaire (ordre endogène) et son encadrement social (ordre exogène politique) : tout peuple est donc une dynamique problématique instable, donc coercitive, car potentiellement insurrectionnelle. La communauté primaire est mode de production cyclique, autogène, la société est mode surajouté de production historique, exogène, donc prédatrice, expansionniste, donc classiste. Ceci dit nous savons qu’il n’a jamais existé de communauté pure ni de société pure, nous ne sommes pas idéalistes.

Partant de là : qu’est-ce que la notion de partage discutée ?

c’est l’idéalisation fantasmée, nostalgique par le sujet socialisé, de la mise en commun primitive que la valeur d’échange de la marchandise a remplacé. Mais le sujet de communauté présociale, lui, se fou du partage en tant que « gratuité » alternative puisqu’il a pas nécessité de la problématiser ! Il ne connait pas de lutte de classe, puisque dans une communauté sans argent, sans valeur, il n’y a pas ... d’échange tout simplement. La notion d’échange, chérie des humanistes bourgeois, n’a pas de réalité « naturelle » ni organique : les humains encore sains n’échangent rien, ils donnent, font et sont du commun !

Quand au partage, sa forme suprême c’est le capitalisme, car l’individualisation des parts partagées en propriété individuelle est le contraire de la mise en commun de la production. Il y a donc bien une économie du partage, mais pas d’économie du commun, une écologie peut-être.

Conclusion de cette esquisse simplexifiée du rapport aux mots : Vous le voyez, on se fiche ici de la définition des mots ! seule l’articulation dialectique, diachronique, ou synchronique, finalement historique des concepts fait sens ! Voilà pourquoi on peut ne pas se comprendre avec ceux qui fétichisent le langage, cherche la substance illusoire des mots, s’attachent à des définitions aliénantes instituées par les autorités autorisées !

Maintenant nul n’est obligé de communier dans cette méthodologie certes dérangeante et probablement perfectible.


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