@Hervé Hum
Merci pour vos objections. Ne polémiquons pas, nul n’a raison ni tord. Voyons ce qui nous désynchronise.
Dans la trajectoire intellectuelle passant par Marx&Engels, qui
semble être celle mal comprise de l’article d’Empédocle, (et qui est la
mienne) nous, nous ressentons la nécessite de prolonger la posture
critique vers le langage lui-même, considérant que c’est le mode
production qui détermine les concepts qui le décrivent, en rendent
compte, en sont la modélisation mentale langagière, bref l’idiome. Et
pas l’inverse, selon lequel les mots assemblés en textes, idées et
théories feraient lois et contrats déterminant le réel des modes de
production.
Dans cette perspective qui est la nôtre, les mots n’ont pas de sens
« en soi » mais bien évidement que relativement les uns par rapports aux
autres, discrimination, opposition... le tout bien sûr suivant la
dynamique évolutive historique de ces modes de production. Les mots
surgissent du moment de leur nécessite productive, notamment technique.
Il n’y a donc pas de langage neutre, de lexique neutre, même pas de
syntaxe neutre, transposable d’une civilisation à l’autre, d’une époque à
l’autre, d’une écologie à l’autre.
Dans cette méthodologie, nous ne parlons pas avec les mots ni du dictionnaire académique, ni du sens commun, mais avec le lexique de notre modélisation conceptuelle, disons
« marxienne », un peu comme le physicien emploi un langage mathématique
dont l’étymologie n’a aucune importance (on se fiche de savoir que le
watt est le nom de James Watt). Ceci précisément pour en neutraliser
autant possible les interférences polysémiques et associatives
subjectives, mais pas seulement.
C’est que chaque concept posé renvoit à un processus dialectique
historique qu’il s’agit de situer dans un scénario d’ensemble de
l’évolution humaine.
Ainsi par exemple la « communauté » en tant que processus premier n’est
pas la « société » ni le « peuple », pas le démos, ni d’ailleurs le génos
qui en est une forme évoluée déjà socialisée.
Mais du point de vue dynamique, on observe qu’un sujet socialisé
problématise sa communauté, ressent une contradiction structurelle entre
les deux, alors qu’un sujet communautaire préservé du social développé ne le fait pas. La notion de « peuple » n’est rien d’autre que la
contradiction entre le socle communautaire (ordre endogène) et son
encadrement social (ordre exogène politique) : tout peuple est donc une
dynamique problématique instable, donc coercitive, car potentiellement
insurrectionnelle. La communauté primaire est mode de production
cyclique, autogène, la société est mode surajouté de production
historique, exogène, donc prédatrice, expansionniste, donc classiste.
Ceci dit nous savons qu’il n’a jamais existé de communauté pure ni de
société pure, nous ne sommes pas idéalistes.
Partant de là : qu’est-ce que la notion de partage discutée ?
c’est
l’idéalisation fantasmée, nostalgique par le sujet socialisé, de la mise
en commun primitive que la valeur d’échange de la marchandise a
remplacé. Mais le sujet de communauté présociale, lui, se fou du partage
en tant que « gratuité » alternative puisqu’il a pas nécessité de la
problématiser ! Il ne connait pas de lutte de classe, puisque dans une
communauté sans argent, sans valeur, il n’y a pas ... d’échange tout
simplement. La notion d’échange, chérie des humanistes bourgeois, n’a
pas de réalité « naturelle » ni organique : les humains encore sains
n’échangent rien, ils donnent, font et sont du commun !
Quand au partage, sa forme suprême c’est le capitalisme, car
l’individualisation des parts partagées en propriété individuelle est le
contraire de la mise en commun de la production. Il y a donc bien une
économie du partage, mais pas d’économie du commun, une écologie
peut-être.
Conclusion de cette esquisse simplexifiée du rapport aux mots : Vous
le voyez, on se fiche ici de la définition des mots ! seule
l’articulation dialectique, diachronique, ou synchronique, finalement
historique des concepts fait sens ! Voilà pourquoi on peut ne pas se
comprendre avec ceux qui fétichisent le langage, cherche la substance
illusoire des mots, s’attachent à des définitions aliénantes instituées
par les autorités autorisées !
Maintenant nul n’est obligé de communier dans cette méthodologie certes dérangeante et probablement perfectible.
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