Nicolas Sarkozy lors d’un entretien avec Michel Pasfray, a une fois de plus provoqué un vif émoi par des déclaration jugées intempestives voire dangereures. Il a osé rappeler que les gens sont pourvus de corps, des corps répondant à des réalités physiologiques. Ce dont tout le monde n’a visiblement pas conscience.
On admet volontier, dans l’impossibilité de prétendre le contraire, que la génétique a une influence certaine sur le développement physique des individus. Ainsi la plupart de nos concitoyens sont incapables de courir un 100 mètres en moins de 10 secondes. Il faut pour cela des capacités physiques supérieures à la moyenne, que seule une génétique adaptée peut offrir. Avec tous les efforts du monde Sarkozy pourrait s’y entrainer un siècle, jamais il n’y parviendrait. La faute à Mère Nature. Ainsi les individus ne sont pas physiquement égaux, pas plus qu’ils ne le sont devant la beauté ou la maladie. De ce côté-là pas de problème, les yeux suffisent à appréhender ces réalités. On est même prêt à admettre que certaines maladies peuvent avoir une cause génétique, comme la trisomie ou la mucoviscidose. Dans ces cas-là on n’hésitera d’ailleurs pas à prôner des politiques clairement eugénistes ou transgéniques, ce que fait le Téléthon, et à rejeter l’Eglise à son obscurantisme.
Mais cela heurte de plein fouet le fondement idéologique de l’Etat français, l’égalitarisme forcené. Tout le monde est égal, tout le monde a les mêmes capacités, strictement identiques, il revient à l’Education Nationale de les révéler. Et s’il advenait que les résultats ne soient pas à la hauteur, il ne pourrait s’agir que de discriminations insidieuses qui sont à l’oeuvre. Au final l’école de la République malgré tous ses discours égalitariste est l’une des plus inégalitaire qui soit. Tendance qui n’a cessé de se renforcer ces dernières années ; les fils d’ouvriers et d’employés étant de plus en plus exclus des grandes écoles, la masse stationnant dans les universités. Il s’agit pas de nier l’importance du social, mais d’autres forces sont à l’oeuvre que la France ne veut pas voir. Car les hommes comme le dit Davila “sont moins égaux qu’ils ne le disent mais plus qu’ils ne le croient“.
S’ils ne sont pas égaux, les individus sont uniques (encore une des conséquences de la génétique), d’où découle des dons variables. Dons qui ne proviennent pas seulement d’un apprentissage mais aussi d’un inné. Je connais peu de gens qui composent des symphonies à 7 ans. De là une variété d’individus infinie, ayant chacun des caractéristiques physiologiques distinctes. Certains en héritent des dons, d’autres des déficiences hormonales qui peuvent provoquer une mélancolie chronique. Qui sont traitables avec des pillules du bonheur, dont les français font grande consommation, antidépresseurs ou autres drogues qui modifient les équilibres hormonaux du patient, ce qui suffit à leur donner du baume au coeur. Car nous ne sommes rien de plus qu’une machinerie complexe. Agir sur le physiologique suffit à modifier la psyché.
Que reste-t-il du libre arbitre ? Un pédophile peut rester abstinent. On peut toujours aller contre sa nature (si tant bien est qu’on naît pédophile). La génétique n’est qu’un facteur de la personnalité humaine parmis d’autres, comme la culture, la religion et la famille. Les influences sociales ne sont pas évacuées, l’optique est seulement élargie. Le libre arbitre n’est jamais qu’une liberté conditionnée par les contraintes qui nous compose, l’espace laissé vacant par la convergence de ces multiples influences. C’est plus ou moins l’idée que défend Nicolas Sarkozy. C’est toujours plus ouvert que le schéma mental de Pasfray qui ne jure que par la sainte trinité Freud, Bourdieu et Foucault, pour qui la détermination sociale est le seul facteur de construction de la personnalité.
On a choisi de moquer les déclarations du petit Nicolas, qui en a certainement une vision un peu rudimentaire de la chose, certes. Mais les idées de Michel Pasfray valent aussi leur pesant de rigolade. Ainsi on deviendrait homosexuel, hétérosexuel ou pédophile au contact de notre environnement. Il y aurait donc une forme d’éducation hétérosexuelle, une autre homosexuelle et enfin une éducation pédophile. “Fiston aujourd’hui je vais t’apprendre à aimer les poupons.” On pourrait trouver cela un brin réactionnaire.
En outre on pourrait s’étonner que la présentation de la pédophilie comme une pathologie n’ait pas ému. La pillule passe car la pédophilie au même titre que le racisme tient lieu d’hystérie collective, ce qui dispense de réfléchir. Pourtant il n’y a pas si longtemps, avant l’affaire Dutroux, il était de bon goût dans les milieux progressistes, dans la vague permissive soixanthuitarde, sur les débris de la morale chrétienne, de vanter les amours prépubères.
Une parenthèse sur le darwinisme et sa variante sociale. Il est toujours follement amusant de voir les champions du darwinisme, les mêmes qui traquent la moindre parcelle d’Intelligent Design, se dresser sur leurs ergots dès qu’on a l’heur d’appliquer leurs théories à l’espèce humaine dans le temps présent. Tant qu’il s’agit de tuer Dieu tout va bien, mais subir ses conclusions jamais. Ce serait remettre en cause l’égalitarisme qui s’agglomère à la cathomophobie de ces gens. Il faut certainement en conclure que le darwinisme fonctionne par intermittences, jamais en direct.
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