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(---.---.100.34) 17 avril 2007 11:28

Bonjour Patrice,

« Le paradoxe, c’est qu’aucune de ces assertions n’est fausse »

En effet, à partir d’éléments vrais, on peut monter, on peut brosser des tableaux complètement faux...

Le problème, ici, n’est pas génétique ; il s’agit de la question de savoir quelle est la place de l’être humain chez nous, en tant que point de vue et dignité de chacun, et dans quelle mesure est-il respecté.

Quel est le centre de ce pays ? Le gouvernement ou l’humain, le « peuple » ? Lequel des deux tourne autour de l’autre ?

Ou, pour le dire autrement, quel est le propos, le projet de cette société ?

Si l’humain passait avant tout, s’il était le centre de nos préoccupations, alors le statut le plus prestigieux, le plus respecté, le plus puissant, celui qui s’imposerait aux autres serait celui du « simple particulier »...

Est-ce vrai, celà, dans la réalité de tous les jours ?

Vous faîtes-vous mieux recevoir dans une grande entreprise, dans une administration, ou un service gouvernemental quand vous vous présentez en tant que « simple particulier », plutôt qu’en tant que professionnel ou représentant du gouvernement ? ou même en tant que président d’une association ?

En vérité l’humain en lui-même, nu et ne bénéficiant d’aucun statut, celui qui ne serait investi d’aucune fonction, qui ne « représente » aucun pouvoir professionnel ou politique, cad chacun d’entre nous en tant que particulier, cet humain là est ici celui dont le point de vue est absolument ignoré, celui qui n’a tout simplement pas voix au chapitre.

Il est un « citoyen », donc avec un statut de mineur en face de l’Etat ; il est mis sous la tutelle de la « majorité » et du « bien public ».

Son premier devoir est donc de « s’adapter » à tous les changements de conditions de vie, et d’accepter toutes les règles, même celles qui sont en opposition avec sa priopre nature d’être humain : il doit en permanence faire passer sa conformité de citoyen et d’employé avant ses particularités humaines.

Et s’il échoue, la faute lui en revient :

Cette société étant présentée comme l’expression même de la volonté de la majorité, si vous échouez à vous adapter c’est vous qui serez fautif, et non pas les conditions de vie qui vous sont proposées, non pas l’Etat.

Or il y a bien sûr des inégalités entre nous quand à nos capacités à nous adapter, à nous conformer à cet ordre, tout comme il y a des inégalités entre nos intelligences, nos sensibilités artistiques, notre valeur proprement « humaine ». Il n’y a pas besoin de chercher jusque dans les gênes pour ça, c’est l’évidence de la nature humaine.

De plus en plus, le caractère pathologique par excellence ici, celui qu’il faut soigner et que chacun doit surveiller en lui-même, c’est le fait de s’écarter de la moyenne, d’une norme des choses ; le principal critère de valeur humaine officiellement pris en compte aujourd’hui est celui de cette conformité à l’ordre.

Et c’est bien là que se trouve la question fondamentale :

La base et l’essence même de la nature humaine, de son génie, sont-elle d’être en permanence en conformité avec l’ordre social et la moyenne ?

De nos jours, la chose la plus subversive, la plus étrangère dans cette société, ce qui fait tache, n’est-ce pas de plus en plus la nature humaine elle-même ?

C’est ainsi qu’à développer à l’indéfini le principe et le pouvoir du collectif, au nom d’une société démocratique et d’une définition de l’« humanité » de plus en plus normée, de plus en plus corsetée par sa « citoyenneté », on ne fait que progressivement nous déshumaniser et nous réduire à l’état de « quantités » citoyennes.

L’aspect génétique en sera un développement de plus, mais il n’en est pas le début.

Cordialement Thierry


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