La façon dont le Kremlin gère la crise du coronavirus n’échappe pas complètement à ce questionnement à l’heure où la Russie se dirige vers un « scénario à l’européenne » – pour reprendre les termes du maire de Moscou, épicentre de l’épidémie
.Comme ailleurs, la communication des pouvoirs publics a pu sembler hésitante et insuffisamment claire, pesant un temps sur le comportement des citoyens face à l’injonction de restreindre leurs déplacements. Beaucoup d’analyses mettent en avant la volonté du « système » de préserver le chef de l’Etat des effets de la crise. Il a d’ailleurs été beaucoup reproché à Vladimir Poutine de ne pas s’investir suffisamment dans sa gestion.
La gestion de la crise de la Covid-19 par les autorités russes, au-delà d’un ajustement permanent aux réalités créées par l’évolution de la pandémie observé dans bien d’autres pays, suggère que, dans un contexte économique déjà obéré par la dégringolade des prix du brut (ils étaient dans le négatif le 20 avril), réduisant les marges budgétaires de l’Etat russe pour une durée difficile à prévoir, les autorités russes ont voulu limiter l’impact économique de la pandémie en évitant le plus longtemps possible des mesures trop strictes.
La Russie, qui aborde une nouvelle phase de difficultés intérieures fortes, ne se pose pas moins qu’hier la question de sa place, comme grande puissance, dans cet environnement très fluide.
En Russie, la crise de la Covid-19 intervient dans un contexte de transition politique qui, même si elle semble annoncer une grande stabilité sur le plan politique (Vladimir Poutine jusqu’en 2036 ?), est source de tensions et de remous au sommet du pouvoir.