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DACH 10 août 2020 11:52

Pour citer d’autres spécialistes que chez nous....Daoud Boughezala. Après l’explosion survenue sur le port de Beyrouth, Emmanuel Macron a imposé un ultimatum à la classe politique libanaise dont il dénonce ouvertement la corruption. Comment expliquer cette démarche ?

Fabrice Balanche. Depuis la fin de la guerre civile en 1991, le Liban a reçu énormément d’argent de la part de la communauté internationale pour sa reconstruction. Différentes conférences à l’initiative de la France – Paris 1 en 2001, Paris 2 en 2002, Paris 3 en 2007, et Cèdre en 2018 – ont drainé des milliards d’euros vers le Liban. Cela n’a pas empêché l’Etat libanais de se retrouver en faillite aujourd’hui. En fait, cela fait près de trente ans que les dirigeants libanais détournent à leur profit les finances publiques. La paix sociale était assurée par des embauches dans une administration pléthorique et corrompue, de généreux taux d’intérêts sur les comptes bancaires grâce aux emprunts d’Etat et la redistribution d’une partie de ses détournements de fond aux clients des différents dirigeants politiques.

Comment la classe politique libanaise détourne-t-elle cet argent ?

Prenons l’exemple de La Caisse des Déplacés, destinées à indemniser les Libanais dont les logements furent squattés durant la guerre civile. Pour obtenir la restitution des logements sans provoquer de nouveaux affrontements, l’Etat libanais a payé les squatteurs pour qu’ils déménagent et indemnisé les propriétaires pour réparer les maisons. Dans le Chouf, région à majorité druze et fief de Walid Joumblatt, les druzes qui occupaient les maisons des chrétiens chassés durant « la guerre de la montagne » en 1983, reçurent de très généreuses allocations pour restituer les logements. Elles étaient d’autant plus généreuses qu’ils étaient loyaux à Walid Joumblatt, le ministre des déplacés, qui utilisa les milliards d’euros de La Caisse des Déplacés pour maintenir sa mainmise sur le Chouf. Dans le Sud Liban, il est difficile d’obtenir un poste dans la fonction publique sans être membre du Mouvement Amal de Nabib Berrih, l’éternel Président du Parlement. Je pourrais multiplier les exemples du népotisme, du clientélisme et de la corruption généralisée. Mais, à mon sens, le plus grand corrompu et celui qui institutionnalisé ce système au détriment d’un véritable état de droit était Rafic Hariri, Premier ministre libanais de 1992 à 2004. Il serait trop long de décrire comment les Hariri, père et fils (Saad Hariri a été premier ministre de septembre 2009 à janvier 2011, puis de décembre 2016 à janvier 2020), ont mis le pays en coupe réglée, je vous renvoie à un de mes articles sur le sujet qui est en accès libre : « The reconstruction of Lebanon or the racketeering ruling ».


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