Zweig a excellé dans le biographie historique. Son « Magellan » s’avale. Pour "Marie Antoinette, ce pavé, il faut un peu plus de temps, mais dés la première page, on est saisi par le talent de l’auteur. Très bien documenté, le livre s’attache au personnage de la reine, bien sûr, mais traite l’ambiance de la cour, le protocole, les causes de la lente destruction de l’image de la reine, sur fond des mécontentements qu’on connait, qui sont en fait en germe depuis le règne de Louis 14, et sa gestion calamiteuse.
Certains chapitres laissent un souvenir aussi vif que si c’était Saint Simon qui les avait écrits. Il faut rappeler qu’elle arrive à la cour alors que Louis quinze vieillissant règne encore. Zweig réussit à rendre palpable les tensions entre la jeune fille, et la Du Barry, la dernière maitresse de Louis 15, qu’elle évince, tant la jeune reine en devenir est scandalisée ..
Marie Antoinette ne supporte pas la cour, et se fait la malle à la nuit tombée comme Holland avec son scooter. Louis seize est largué. Ce pauvre gars n’aurait jamais du régner. Il n’est pas stupide du tout, mais manifestement pas fait pour le pouvoir. La sexualité n’est trop son affaire non plus. Il faudra attendre plusieurs années avant que le mariage ne soit consommé, à cause d’une malformation autour du pénis.
Normalement, c’était le fils de louis 15 qui aurait du régner, louis capet n’étant que le petit fils, son père étant mort à 30 ans. Son frère ainé aussi a disparu après une chute de cheval. Ce livre ne traite pas bien sur que l’anecdote, mais l’anecdote fait sens, quand l’auteur s’en empare. Mais il explique très bien le clivage entre une aristocratie dépassée, incapable de réformer, et l’envie de réforme qui gronde ..
Il y a une chapitre très fort sur le voyage à Varennes. Tout concourt à la débâcle. ! Fersen, l’amant de Marie Antoinette, a exigé un carrosse considérable, et lent, digne de la famille royale, alors qu’il aurait fallu une voiture légère.
On dira plus tard qu’il ne manquait que les fleurs de lys sur les portes pour se faire remarquer davantage. La description du voyage du retour, avec des révolutionnaires qui sympathisent avec la famille sont dignes d’une nouvelle de Maupassant. Plus tard un des témoins un peu mégalo ira jusqu’à prétendre dans ses mémoires que la reine avait eu un penchant érotique vers lui...
Néanmoins zweig ne dit que ce l’époque où il a écrit savait. Marie Antoinette eut bien une correspondance qu’on peut qualifier de fâcheuse, compromettant la sécurité de la France auprès de l’Autriche. Peu à peu elle se fait plus humaine, et prend de la hauteur, au fil des événements.. Sans doute était elle trop cassante, ne jugeant pas utile de se justifier, même quand les rumeurs sur son compte étaient infondées.. Rien à voir avec sa mère, la grande Marie Thérèse d’Autriche, une femme puissante, comme on dit maintenant.
Elle qui n’avait jamais lu de sa vie, se mit à lire sans arrêt durant les derniers mois qui précédèrent sa mort. On sait maintenant que si elle dépérissait à vue d’œil, ce n’était pas à cause complètement de la tristesse, mais du fait qu’elle avait un cancer de l’utérus très avancé. C’est pour cela que le ministère public voulut ne pas se faire voler son exécution, et l’envoya très rapidement sur l’échafaud. De toute façon ses jours étaient comptés.
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