L’analyse est intéressante, mais à mon avis partiellement erronée.
Je ne m’attarderai pas plus que cela sur cotre première partie. Il me semble que dans l’ensemble, les auteurs pro-Bayrou de ce site ont toujours considéré que si Bayrou avait le plus de chance de battre Sarkozy au second tour, il avait moins de chance de parvenir à ce second tour que Royal.
Pour le reste, vous surestimez les chances de Mme Royal à pouvoir remporter ce second tour, mêem avec l’aide de François Bayrou.
D’une certaine manière, François Bayrou a remporté cette élection présidentielle. Il a réussi à faire bouger des lignes que l’on pensait encore immuables il y a quelques jours. Et s’impose de façon incontournable dans le paysage politique français. Quand on regarde en arrière son parcours depuis la tentative d’absorption de l’UDF par l’UMP de 2002, on mesure le chemin parcouru. En regardant la retransmission de la conférence de presse sur le net hier, je me suis demandé comment l’UMP de Nicolas Sarkozy pouvait répéter la même erreur que l’UMP de Jacques Chirac il y a cinq ans :
En agressant l’UDF et ses députés, et les menaçants de toutes les foudres et représsailles en cas d’insoumission au grand parti frère, Nicolas Sarkozy et ses amis ont commis la même erreur tactique que leurs prédécesseurs : ils ont acculé le président de l’UDF et ses amis à prendre des risques. Et ont donné à François Bayrou toute la dimension médiatique qu’il pouvait espérer pour créer son parti, justifiant par avance sa position de défiance. Et ils ont aussi, de nouveau, sous estimé l’obstination de ce Béarnais, jamais plus dangereux et brillant que lorsqu’il est attaqué.
Déjà survivant de l’épisode de 2002, revigoré par ses scores de 2005, cette dernière offensive UMPiste prend pour cible un candidat qui vient d’obtenir 18.5% des suffages... gageons que cela ne pourra que le faire encore grandir.
Et ce d’autant qu’en face, Ségolène Royal lui a, contrainte par son score, ouvert un boulevard. François Bayrou a, lors de cette conférence de presse, non seulement repris la perche tendue par Mme Royal, mais en a renversé l’orientation, devenant maître du jeu. En plaçant Mme Royal dans la nécessité de faire un pas vers lui, il étire jusqu’à l’éclatement les tensions au sein d’un parti socialiste plus divisé que jamais, et toujours en quête d’un leader incontesté.
Si Mme Royal perd cette élection, comme cela demeure probable, il n’aura plus qu’à ramasser les miettes pour devenir le champion le plus crédible de la nouvelle opposition à Nicolas Sarkozy.
Tout cela peut apparaitre comme de la combine politicienne. Il n’en est rien. Car faute de cette rénovation du paysage politique au centre gauche, Nicolas Sarkozy serait sans rival pour les dix années à venir. L’émergence d’un leader d’opposition crédible face à lui est essentiel pour la démocratie, quelque soit notre opinion politique. Or, le PS n’a pas réussi à en faire émerger un en son sein.
Le nouveau parti démocrate, s’il réussi à obtenir un groupe parlementaire aux élection législatives, sera sans doute l’alternative démocratique la plus crédible pour les électeurs ces cinq prochaines années. Par son ancrage de centre-gauche, il permettra aussi l’émergence d’un parti de gauche anti-libérale structuré, tandis que la droitisation de l’UMP repoussera le FN dans une position de faible influence.
Cete recomposition à gauche est importante. Il existe en France un véritable mouvement anti-libéral et alter-mondialiste, qui n’est pour le moment pas représenté à sa mesure. En abandonnant leur idéologie révolutionnaire, les partis d’extrême gauche peuvent se rassembler avec la gauche du parti socialiste pour former un grand parti de gauche de gouvernement, et non pas d’opposition systématique. Il pourra ensuite avoir pour partenaire possible quelques petits partis, comme les Verts, si la proportionnelle est instaurée un jour, et le grand parti démocrate, en fonction des coalitions.
Cette conférence de presse était donc bien plus qu’un évènement médiatique de cette campagne présidentielle. Elle marque le début d’une profonde recomposition de notre paysage politique, d’une rénovation qui était nécessaire et sera positive pour notre démocratie.
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