L’utilisation du mot « complotiste » ou « complotisme » cache, dans bien des cas, une méconnaissance du sujet dont on parle et c’est particulièrement vrai avec le 11-Septembre. Le terme « complotiste » lui-même a plusieurs définitions. Selon ces définitions, est complotiste la personne : (1) qui croit à une théorie du complot, (2) qui croit à trop de théories du complot, ou (3) qui croit que tout est complot. Une discussion sérieuse devrait, pour commencer, préciser la définition retenue. Cependant, les commentateurs mal documentés ne se posent pas tant de questions et utilisent simplement le terme avec une connotation péjorative, pour dénigrer un contradicteur qu’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, affronter sur le terrain des arguments. Ces commentateurs semblent oublier un détail : les complots existent. De sorte qu’avant d’en obtenir les preuves, l’enquêteur en a d’abord l’intuition. Autrement dit il élabore une théorie. Quand, en 1984, le juge italien Felice Casson ré-ouvre une enquête de meurtre, il ne se doute pas qu’il découvrira le réseau Gladio. Sa théorie du complot va prendre forme au fur-et-à-mesure où les preuves sont récoltées, puis sa théorie deviendra une vérité historique reconnue puisque, aujourd’hui, l’existence des réseaux Gladio n’est plus contestée par personne. La connotation péjorative ajoutée aux termes « complotiste » et « complotisme » semble donc vouloir dissuader à la fois la recherche historique et judiciaire. L’historien, ou le juge, qui travaille sur une hypothèse de complot, peut être ciblé par ces qualificatifs diabolisants alors même que ses contradicteurs n’ont produit aucun travail. L’enquêteur se retrouve devoir répondre à des « accusations » mal définies, portées par des ignorants qui n’ont pas pris la peine de vérifier son travail, ou l’ont lu en diagonale…