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bmalaguti 14 mai 2007 12:50

Le simple énoncé du nombre d’adhésions spontanées au Mouvement Démocrate démontre que le discours de François Bayrou a touché de nombreux Français qui désespéraient de la politique. Dans l’absolu, ce positionnement relève d’une utopie qui voudrait que l’homme soit par nature vertueux et modéré. Mais c’est justement parce que tel n’est pas le cas que beaucoup de nos concitoyens, conscients des excès d’un système plus enclin à diviser qu’à rassembler, se retrouvent dans une vision apaisante de la société et des mœurs politiques. Samedi soir a eu lieu la finale de la Coupe de France de football, match plutôt tranquille pendant les trois quarts de la rencontre, qui a failli tourner au pugilat lorsque les deux équipes se sont retrouvées à égalité. Sans la fermeté empreinte de douceur de l’arbitre, le match risquait de connaître une fin moins paisible.

Comparer la politique avec le sport est certes un peu osé, encore que l’olympisme porte en lui toutes les valeurs d’une humanité fraternelle et ouverte, mais le spectacle offert par nos représentants élus n’a parfois rien à lui envier.

Il n’est pas sain que tous les pouvoirs soient concentrés dans les mains d’un même camp sans aucun contrôle. Il n’est pas sain, dans un pays où le chef de l’exécutif est si puissant, que l’opposition n’ait pas un statut institutionnel. Il n’est pas sain que les principaux organes de presse appartiennent à des groupes liés directement ou indirectement au pouvoir. Il n’est pas sain que les élus, par le biais de mandats locaux ou de réélections illimitées, continuent à faire de la politique un métier alors que ce devrait être une mission temporaire. Il n’est pas sain pour une grande démocratie qu’une fraction importante des électeurs n’ait aucune représentation sauf à conclure des alliances opportunistes et parfois antinomiques. Il n’est pas sain que sur des sujets économiques et sociaux majeurs tels que la fiscalité, le règlement de la dette ou le dérapage incessant des dépenses publiques, la santé, les retraites ou la construction européenne, le peuple dans sa totalité ne soit pas consulté. Plus simplement, il n’est pas sain que la volonté d’exister d’une force centrale suscite autant de commentaires condescendants voire désobligeants au motif qu’un système n’a pas vocation à changer dans un monde qui ne cesse d’évoluer plus vite que les esprits, le modem et la révolution Internet en sont la brillante démonstration.

Plus prosaïquement, il est à craindre que le pouvoir, à peine nommé, refuse d’accepter le changement au nom duquel il s’est fait élire, et retourne à des archaïsmes rassurants pour ses électeurs et pour lui-même.

François Bayrou a compris plus vite que ses adversaires la force née d’une démocratie spontanée et incontrôlable qui, si elle ne correspond pas à l’attente des citoyens, peut d’un seul click, tout faire basculer ou permettre à un candidat incertain de multiplier par trois le nombre des suffrages qui se sont portés sur son nom. Ce phénomène est irréversible et constitue un changement profond, car il permet à ceux qui n’étaient jamais écoutés ou pris en compte, de montrer leur force et de reprendre espoir. Dans les trois années qui viennent, cinq échéances électorales devraient confirmer que le modem est incontournable




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