Sur la base de ce que j’ai entendu dans la rue en tractant pour Ségolène Royal, les interminables polémiques sur les raisons de la défaite socialiste me paraissent, dans l’ensemble, peu pertinentes. Elles sont en général axées sur la recherche de coupables au sein du PS. Il n’aurait pas compris ce qu’attendent les Français ou ne se soucierait pas d’y répondre. J’estime pour ma part que le contraire est vrai, et que les divisions qu’on reproche tant au PS reflètent avant tout celles de son électorat.
Mais lorsqu’on s’efforce d’exposer le programme du parti ou du/de la candidate, qu’entend-on ? « Croyez-vous qu’ils arriveront à faire tout ça ? Et même s’ils le font, ça ne changera rien. » La conscience des contraintes nées de l’économie mondialisée est très vive. Et les gens n’ont pas tort : dans le contexte actuel, la gauche nage à contre-courant et ne peut souvent espérer qu’une demi-réussite, toujours ressentie comme un demi-échec.
Dans ces conditions, de nombreux électeurs finissent par penser que leurs problèmes ne pourront être résolus par un changement des règles du jeu social. Ils ne croient plus qu’une société plus juste soit possible. D’où une recherche d’avantages individuels et immédiats, qu’il s’agisse d’heures supplémentaires leur permettant d’augmenter leurs revenus (et tant pis si ça augmente le chômage, de toute façon personne n’a jamais rien pu faire contre), d’exonérations fiscales (pas la peine de payer des impôts, de toute façon ça ne nous donne rien), et ainsi de suite. Or, c’est exactement ce que proposait Nicolas Sarkozy. La société du tous contre tous devient attractive quand on est convaincu de ne pouvoir trouver son compte dans une société solidaire.
L’intelligent et courageux projet de rénovation de Ségolène Royal n’était évidemment pas servi par ce contexte. Sans doute aurait-il pu convaincre davantage s’il ne s’était heurté au persiflage condescendant d’une grande partie de l’intelligentsia de gauche, qui, en ergotant sur des détails, s’est fait complice des accusations d’incompétence de la droite... avant de se réveiller, de découvrir tout l’intérêt de ce programme et de signer en masse des manifestes de soutien entre les deux tours, quand il était trop tard.
Que chacun prenne donc ses responsabilités au lieu de chercher des boucs émissaires. La République est le bien commun de tous les Français.
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