Pour une autre façon de lire un texte.
Si on proposait l’analyse de cet article à des élèves en cours de littérature, on commencerait par la bonne question : 1. Quel est le point vue de l’auteur ? Le point de vue subectif.
L’élève lettré
répond par exemple :
Celui d’un d’observateur distancié
hors du monde, qui déclare par ailleurs « je ne suis pas de
ce monde », pour conclure en substance « il n’y a
pas de solution humaine au problème humain »
Le
point de vue général explique la conclusion, la thèse.
On est clairement
là dans une fiction abstraite subjectiviste qui pose, met en scène
la dualité binaire « Moi et le Monde », « Moi,
l’auteur, Mon Ego, versus Le Bas-Monde, vous lecteurs ».
C’est
un style littéraire parmi d’autres, pas de problème.
2. Question : Cet egocentrisme méthodique, voire esthétique, ne revient-il pas à « se prendre pour dieu ? » Et quel dieu, mon Dieu ! Puisque l’auteur le problématise :
« D’autres
(parmi vous, lecteurs) se tournent vers un Dieu, mais quel Dieu ?
... Celui qui envoie son fils à la mort pour servir son
orgueil... »
« Certains (parmi vous, lecteurs) croient
en une alternative communiste. Mais de quel communisme parlent-ils
? Celui de la terreur prolétarienne menée par des psychopathes... »
Passivité questionnante qui affranchit l’auteur-juge de toute implication dans la question, comme si la réponse lui était dûe de droit divin, car :
Qu’induisent
logiquement ces phrases désabusées sinon en substance implicite :
« vous qui croyez dans un dieu (chrétien ou communiste ou
capitaliste...) qui n’est pas le mien parce qu’il n’est pas Moi, mon
ego-dieu pensant le monde hors du monde » et qui donc m’envoie,
Moi, à la mort en prétendant être mon père. Donc qui fait péché
d’orgueil puisque je, Moi, ne peut qu’être le père de Moi-même. »
(Le père-dieu ou la
mère-communiste, c’est de même.)
Voilà
le non-dit paradoxal induit dans le texte.
Le point vue de l’auteur, bien qu’observateur distancié, s’inclue aussi confusément dans un « nous » indéfini culpabilisant : « le cauchemar de notre effroyable responsabilité devant notre abyssale inefficacité nous confine souvent à la neutralité d’une confortable lâcheté. »
« Nous »
qui s’opposerait à un « eux » indéfini (dès l’entrée
de l’article « Ils ont privilégié... », qui ?)
« eux »
qui apparaitra peut-être sous la forme abstraite du « système
capitaliste », système qui conformément à la conclusion, ne
peut être la solution de son problème.
L’humain et le capital
ne seraient qu’un, serait vraie nature l’un de l’autre. Voilà la
thèse (très discutable)
Tout cela est bien
confu et psychologiquement dépressif mais intéressant, image
textuelle de la grande dépression collective qui marque l’époque,
la grande psychose de l’effondrement égoïque.
Pascal parlerait
de « Misère de l’homme sans Dieu », seul avec lui-même
dans son ipséité narcissique déçue, seul avec son renoncement à
être.
Et non, ce texte malgré toutes ses qualités, son acuité désordonnée, sa distanciation critique détaillée mais décousue, n’est ni factuel ni objectif. C’est nous semble t-il la longue expression symptômatique d’une introspection paradoxale, d’un malaise généralisé, contagieux, entretenu, voire complaisant, addictif.
Que l’auteur ne s’en sente pas
incommodé, nous sommes tous dépressifs et addictes sans le savoir,
mais en dépression addictive contrôlée, pilotée...
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