@ l’auteur,
« Et face à »l’argument commun à l’antiféminisme et au féminisme « pro-femme » selon lequel c’est le sexe qui détermine le genre ou plutôt que les différences sociales, culturelles et psychologiques entre les hommes et les femmes sont causés par leur différence de sexe« , l’auteur répond alors : »Autant rouvrir la discussion sur l’existence ou pas des « races » afin d’expliquer le différentiel historique et contemporain entre les humains."
Faire le parallèle entre la problématique des sexes et celle des races est certes intéressante car elle recoupe de nombreux points communs. Cependant, on ne peut réduire la problématique féminin/ masculin à la question des races, orientations sexuelles, etc... Ce n’est pas faire l’apologie du « féminisme pro-femme » que de dire tout simplement qu’il y a plus de différence physique entre un homme et une femme qu’entre deux personnes de même sexe mais de « race » différente. Il ne s’agit pas de (re)nier intégralement le fameux : « on ne naît pas femme, on le devient » de Simone de Beauvoir, mais bien de rappeler une évidence : la femme porte son enfant durant 9 mois, lui donne naissance et l’allaite (éventuellement). Bien sûr, pas toutes les femmes ont un enfant, et bien sûr celles qui n’en ont pas ne sont pas pour autant des « sous-femmes » (pas plus d’ailleurs que les hommes qui n’en n’ont pas seraient des « sous-hommes »). Pourtant, cette donnée biologique qui fonde la différence des sexes, a forcément des conséquences « sociales, culturelles et psychologiques ». Je ne peux donc pas être d’accord avec E. Macé quand il écrit (voir phrase rappelée ci-dessus) : « autant rouvrir la discussion sur l’existence ou non des « races ». » Non, la question homme/femme ne peux se réduire à la question des « races » et je recommande d’ailleurs l’essai de Sylviane Agacinski, « Politique des sexes, mixité et parité » (Seuil-1998) qui développe, à mon avis, parfaitement ce point de vue.
Il me semble donc que ce n’est pas être « pro-femme » que d’affirmer cette différence fondamentale innée entre les sexes (et de l’assumer que ce soit chez les femmes ou chez les hommes). Il n’est ainsi pas question de sur développer les attributs féminins par rapport aux hommes mais bien d’assumer que oui, les femmes ne sont pas des hommes, mais que non, elle n’ont pas à être considérées comme inférieures. Ceci étant posé, cela n’exclu pas bien sûr toute la dimension historique, sociale et culturelle qui reste incontournable pour traiter la question du féminisme ; la question biologique n’étant pas réductrice.
« Et la cause principale de ceci, outre le sexisme et l’antiféminisme, c’est bien le néoféminisme « pro-femme » et sa traduction dans les magazines féminins qui ont conduit les femmes à vouloir concilier l’inconciliable : à la fois la participation au monde public tel qu’il a été défini pour et par les hommes et la réappropriation d’une sphère privée, maternelle et domestique telle qu’elle devrait être en régime d’égalité entre une nouvelle masculinité et une féminité authentique. (...) De sorte que devant (et elles seules) « concilier » leur vie professionnelle et leur vie familiale, elles se mettent en position de faiblesse, du fait de leur moindre disponibilité à l’entreprise, vis-à-vis des employeurs, qui intègrent nécessairement cette dimension sexuée dans la gestion des carrières. (...) ».
Je rejoins par contre l’auteur sur les propos ci-dessus. Et il me semble clair que la fameuse « wonder woman » des années 80 (celle qui arrive à concilier parfaitement sa vie personnelle avec sa vie professionnelle sans renier chacune) est un mythe en voie d’extinction. Je pense pourtant que la voie à suivre n’est pas celle d’un retour au féminisme de Simone de Beauvoir, qui tend à nier la spécificité de chaque sexe. Il me semble que l’on peut tendre vers une égalité de considération et de possibilités de vies sans que cela veuille forcément signifier une égalité « exacte » de parcours professionnels, familiaux, etc, ... Car on aura beau faire, jusqu’à présent (et tant que les chamboulements apportés par la recherche biologique qui permettront peut-être aux hommes de donner un jour la vie), ce sont les femmes (et non les hommes) qui portent leur enfant et s’arrêtent de travailler 2 mois et demi (et souvent plus longtemps encore, rarement moins) pour donner la vie à leur enfant. Forcément, cela a des incidences sur la vie professionnelle et privée. Et cela n’est pas être féministe « pro-femme » que de revendiquer la possibilité aux femmes qui le souhaitent (mais aussi aux hommes !) de pouvoir élever leur enfant en prenant du temps pour le faire. Cela me semble aussi important que de revendiquer la possibilité de se réaliser pleinement dans sa vie professionnelle et publique.
A mon avis un des grands « chantiers » incontournables du féminisme contemporain est la représentativité politique égale entre les sexes (la fameuse parité) qu’a assez bien réussi les pays du nord de l’Europe. Mais cela reste un des nombreux chantiers tellement (pour reprendre vos auteurs) « les discriminations sexistes et les inégalités perdurent dans tous les domaines, alors même que le terme de féminisme est souvent devenu péjoratif ». Je me demande cependant si le verbe « devenu » est bien adéquat, a-t-il jamais été considéré autrement qu’avec mépris ?
Aujourd’hui, je crois donc que l’on peut être féministe et le revendiquer comme étant la recherche d’une égalité entre les sexes, « avec » leurs différences et non « malgré » leurs différences ou en niant leurs différences.
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