A ceux qui déplorent les vitraux de Soulages il faut rappeler quelques faits.
Il n’existe pas ou peu de vitraux du XIIème siècle en France pour deux raisons : l’art du vitrail est encore peu développé à cette époque et les églises pré romanes ou du début du roman n’ont pas de vitraux ni même parfois de verre sur leurs ouvertures, on se contente de papiers cirés parfois. L’art du vitrail se développe un siècle plus tard. Pour l’église de l’abbatiale de Conques, on n’a donc pas la moindre idée de ce qui pouvait exister à l’origine. L’église a été pillée, incendiée aux XVIème siècle et pendant la Révolution française puis laissée à l’abandon et utilisée comme carrière de pierres pendant quelques décennies avant d’être protégée vers 1850.
Ses derniers vitraux dataient de l’après seconde guerre mondiale et n’avaient rien à voir avec l’art roman.
Il n’y a donc aucun scandale à demander à un artiste du XXème siècle d’imaginer de nouveaux vitraux. Soulages qui adorait cette église a réalisé un travail volontairement non spectaculaire qui met en valeur l’architecture ancienne et ce que le temps a laissé. Il marque ainsi un grand respect pour l’édifice tout en revenant aux origines qui n’avaient sans doute rien à voir avec le chatoiement des vitraux gothiques des cathédrales du XIIIème.
Je trouve son travail magnifique, on le voit sur la photographie de l’article. C’est discret mais présent, minéral comme l’édifice, cela fait confiance à la lumière naturelle avec subtilité. Que demander de plus ?
Apporter des éléments nouveaux sur des bâtiments anciens est très difficile. Il ne faut ni dénaturer, ni trahir, ni affadir. Le travail de Soulages est une réussite à mon sens.