• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Renaud Bouchard Renaud Bouchard 28 juin 2023 21:22

Suite et fin

Premier point : il n’y a jamais eu de tentative de « coup d’État ». Wagner n’était pas capable de prendre Moscou et Prigozhin n’a jamais attaqué verbalement le président Poutine. 

En fait, Poutine n’a jamais rien dénoncé de la sorte, mais plutôt « un coup de poignard dans le dos » contre les forces russes en Ukraine.

Deuxièmement, ce n’est pas non plus une « mutinerie ». Wagner ne relève pas du ministre de la Défense, mais directement du président. Prigozhin s’est rebellé contre lui et lui seul. Sa seule demande était de rester indépendant des armées régulières. S’il était prêt à renoncer à ses activités militaires, il s’accroche aux affaires connexes qu’il a développées sur tous les théâtres d’opération où il est présent. Comme nous l’avons dit, l’homme est à la fois un patriote et un escroc.

Troisième point : selon les termes du président Poutine, il s’agit de « rébellion armée » et « d’abandon du devoir ». Wagner quitte le front, mais les Ukrainiens n’osent pas ou ne peuvent pas attaquer la partie du front qu’il a abandonnée. Or, il n’y a rien de plus méprisable pour les Russes que des défenseurs qui abandonnent leurs postes. 

C’est pourquoi Prigojine avait diffusé la veille une vidéo affirmant que Kiev n’avait pas bombardé le Donbass depuis huit ans, contredisant sans vergogne les constats de l’OSCE et du Conseil de sécurité de l’ONU. Malheureusement pour lui, les Russes n’apprécient guère que quiconque remette en cause leur bonne foi.

À ce stade, une dernière remarque s’impose : en se rebellant contre le président Poutine, Prigozhin n’a tué personne. Ses troupes entrent dans Rostov-sur-le-Don sans rencontrer aucune résistance. Les forces régulières russes n’ont pas attaqué le quartier général de Wagner à Saint-Pétersbourg. Les hommes de Prigojine n’ont pas marché sur Moscou. Le ministère de la Défense n’a apparemment tiré aucun missile sur les soldats de Wagner. Le procureur général a clos le dossier de la rébellion. Les miliciens wagnériens qui n’ont pas participé à la rébellion sont immédiatement intégrés à l’armée régulière. Trois unités sont retournées au front. Le sort des miliciens ayant pris part à la rébellion sera traité au cas par cas.

Dans l’ensemble, l’État n’a pas été affaibli. 

Les deux vainqueurs sont la Fédération de Russie et la Biélorussie. 

Il n’en demeure pas moins que, dans l’esprit russe, toute l’affaire était largement mise en scène : on assistait à une rébellion menaçante qui s’est aussitôt dissipée. Reste la remise en cause de la qualité du commandement militaire, idée tenace malgré la foi de la population dans l’abnégation de ses soldats.

A la fin de cet épisode étrange, le président Poutine a repris la parole à la télévision. Il fait l’éloge des combattants wagnériens et les appelle à rejoindre l’armée régulière, les services secrets ou d’autres forces de sécurité. Il leur a également donné le choix de rentrer chez eux ou de rejoindre Prigojine en Biélorussie.

Toutes sortes d’hypothèses circulent sur les réseaux sociaux russes. Le plus surprenant est que Wagner n’a pas pu se rebeller et marcher sur la capitale sans l’aide du ministère de la Défense, qui lui a fourni du carburant.

Les prochaines semaines devraient voir la phase finale de la transformation de l’armée russe. Il n’est pas certain que ceux qui se sont affrontés hier se révèlent être des adversaires.

Thierry Meysan


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès