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Taverne Taverne 4 juillet 2023 14:40

Au commencement était le début

Vous comprendrez à peu près la signification de cette sentence énigmatique quand vous serez rendu à la conclusion de mon argumentation.

Boris Cyrulnik, interviewé  trop rapidement  à la télé, a parlé d’offrir des sentiers aux jeunes en errance pour faire contrefeu à leurs pulsions destructrices. Il n’a pas eu le temps de développer son idée, peut-être cette idée n’est-elle pas encore complètement aboutie.

Je reprends cette idée de sentier à ma façon. Je le nommerai « sentier du sens ». Chaque individu, citoyen ou enfant, doit pouvoir tracer son chemin de sens selon des modèles de sens qui correspondent à sa place dans la pyramide du sens. Chacun doit pouvoir emprunter un chemin nouveau avec la garantie de pouvoir à tout moment revenir au point de départ s’il s’égare ou se trompe.

C’est la méthode que je nommerai la « méthode du Petit Poucet » (il ne faut voir aucun misérabilisme dans cet emprunt). On peut semer du pain, il sera mangé. On peut semer des sous, ils seront dépensés. Mais si vous semez des cailloux, ils resteront en place car un caillou n’a aucun valeur en soi. La véritable valeur est dans le sens que crée le sentier ainsi balisé : le sens est dans l’expérimentation autorisée et dans la sécurité d’un retour possible. Chaque acteur de la société peut semer un caillou pour aider à baliser le chemin de sens du jeune : parents, école, Etat, éducateur, justice, stars à image positive...

Au commencement du périple du petit Poucet était le début. Ce début prend la forme d’une volonté : celle de retrouver son chemin, d’aider ses frères et sœurs, de retrouver le foyer familial.

Ainsi se concilient le besoin d’aventure individuelle et l’attachement communautaire.

« Au commencement était le début », c’est aussi dire qu’il faut pour chaque génération recommencer le travail de balisage car rien n’est jamais fini. L’Etat, lui, a toujours tendance à penser qu’une fois que sa décision est gravée dans le marbre et qu’elle est mise en œuvre, l’affaire est réglée une bonne fois pour toute et qu’il peut passer à tout autre chose. (C’est son seul intérêt d’agir ainsi).

Le groupe social peut, avec le soutien institutionnel, faire corps autour du jeune en apprentissage de la vie pour qu’il puisse élaborer son propre chemin de sens. Le balisage par le groupe social et le jeune lui-même s’accompagne d’une lutte (contrefeu ou bouclier) pour éloigner les mauvaises influences des réseaux de type meutes dans les lieux de proximité (l’école, l’immeuble, le quartier, le club). Le harcèlement serait réduit aussi par cette voie.

L’Etat, quant à lui, doit se charger de démanteler les bandes de délinquants, les groupes dangereux, de réduire le développement des meutes sur les réseaux sociaux, de punir de façon effective.

A chacun son rôle : les maillons sociaux autour de l’enfant font bloc pour tisser un ensemble de liens et de sens, l’Etat joue son rôle régalien. Le lien d’une part, le régalien d’autre part. 

Au début du chemin, il faut donc penser à semer des cailloux , à former une chaîne pour permettre à chaque jeune en construction sa création personnelle du Soi ainsi que par l’élaboration d’un sentier du sens, chemin qui se solidifiera et permettra au jeune d’acquérir son autonomie en résistant aux meutes, aux addictions, aux actions impulsives et destructrices. 


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