il est difficile de retrouver les Résistants de 39-45, on retrouve le nom des fusillés mais la majorité des résistants a massivement survécu, ils sont aujourd’hui presque tous mors de vieillesse.
En 1942-45 j’avais 9 à 10 ans, et je me trouvais en Ardèche au milieu de Résistants. Il est des souvenirs tenaces, d’autres qui s’effacent. Mes souvenirs à Hauteville au milieu des Résistants sont très présents et avec des détails. Personne ne m’expliquait, j’entendais seulement les adultes parler entre eux, je ressentais la tension parmi ce monde adulte, et je ne posais pas de question, ce qui fait qu’on ne se cachait pas de moi.
Les Résistants de 39-45 ont beaucoup
contribué à chasser l’Allemand
Annie Saint André, fille de Jean Picq se
souvient des départs nocturnes de son père, qui ne disait pas où il allait. Il
a fallu attendre la Libération pour savoir qu’il détruisait des voies de chemin de fer pour retarder les
transports allemands de troupes, d’armes et de munitions. Une participation
secrète à « la bataille du rail ».
Saint Laurent du Pape fut occupé par les
allemands lorsque fut supprimée la ligne de démarcation le 11 novembre 1942.
Les résistants n’étaient pas identifiés comme tels dans leur village. A Saint
Laurent on ne savait pas qu’Alfred Arnaud, directeur de l’école publique, était
capitaine du maquis, et avait pendant des vacances d’été, participé à la guerre
d’Espagne contre un autre fasciste, Franco. A St Laurent il s’occupait du
ravitaillement du maquis à partir de Royas, sur la montagne où il allait avec
sa bicyclette après sa classe, et les jours de congé.
Des résistants opéraient pas très loin du village au château d’Hauteville, où
les FFI d’abord puis les FTP, avaient leur quartier général. Ceux là n’allaient
pas jusqu’à la place du village, ils auraient été reconnus, ils risquaient des
dénonciations, les « collabos » du régime de Vichy étaient partout.
Ils avaient faux noms et fausses cartes d’identité, pour protéger leur famille
s’ils étaient pris. J’habitais à côté du château où mon père était ouvrier
agricole, les patrons habitaient Paris et ne venaient pas. Un maquisard qui
disait s’appeler Soulier, me posait, gamin, sur le réservoir de sa moto et
allait lentement tourner jusqu’ à la place de la mairie école. Mon père que
tout le monde connaissait allait jusqu’au laitier en vélo, le pot pendu au
guidon .Il pouvait observer sans être soupçonné. Il voyait nos maquisards tous
les jours.
André Robert, résistant Franc tireur Partisan (FTP) de Saint Laurent du Pape a
été tué à Dornas près du Cheylard le 5 juillet 1944. Gaston Tabardel de St
Laurent également fut pris en opération à Saint Remèze, et fusillé le 22 août
1944.
Paul Chaudier, maquisard FTP aux côtés du capitaine Arnaud, vivait au dessus de
Royas, à la ferme du Capet, et s’occupait surtout des parachutages, sur le
plateau. On voit encore aujourd’hui là haut la « maison du maquis »
Delarbre et des jeunes copains maquisards de Saint Fortunat, tout à fait
inexpérimentés, ont raté leur coup : Ils savaient qu’un Allemand était dans le
car Fayard et allait descendre sur la place. Ils l’ont bien mitraillé mais l’allemand,
après avoir crié aux voyageurs « Couchez vous », a pu profiter de la
confusion pour s’enfuir. Il connaissait
les lieux à l’inverse des maquisards de St Fortunat, il s’est engouffré dans un
canal couvert remontant jusqu’au Bousquet. Pas vu, pas pris.
Un maquisard de St Laurent dont je ne connais pas le nom a été blessé en s’enfuyant dans les vignes. L’infirmière du village, Marie Faugier, est partie à sa recherche. Trop tard, il avait perdu tout son sang. Pour notre liberté, Saint Laurent a son soldat inconnu.
Dans le secteur sévissait un triste personnage, dénonciateur et assassin de maquisards : Coissieu. Il a été fusillé par trois maquisards du coin.
Justice est faite.
Alice Verd née Bouchet habitant à Gonon, au dessus du serre du Pérou, m’a raconté que des gendarmes venus de La Voulte avaient annoncé aux Bouchet que le lendemain, une expédition allemande allait venir anéantir St Laurent du Pape. Le message a été transmis immédiatement à St Laurent. A Hauteville, le pont sur le ruisseau de Meyer fut miné, avec le responsable de la mise à feu sur place car l’état major d’Hauteville avait décidé de laisser passer les Allemands avant de faire sauter le pont, afin de les piéger sous Hauteville où ils étaient attendus de pied ferme et d’où il était facile de les mitrailler. Mais c’était la débâcle, les Allemands ont reçu l’ordre de remonter immédiatement sur Paris qui allait être pris par les alliés.
Les deux gendarmes qui protégeaient les maquisards et la population sont probablement messieurs Fontbon et Soler, qui après la guerre venaient acheter leur vin à Hauteville. Ils se gardaient bien de raconter ce qu’ils savaient à leur collègue Mercier, pétainiste.
Ces quelques lignes mettront peut être des chercheurs historiens sur des pistes utiles à notre devoir de mémoire.
Sur la Résistance à Hauteville, voilà
https://www.thebookedition.com/fr/tu-vois-je-n-ai-pas-oublie-p-386338.html
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