Pour continuer, il faudrait déjà que ce vous considérez comme un problème en soit un pour la majorité. Si « les gens » pensent en majorité qu’ils trouveront des expédients, entourloupes ou autres et qu’il n’y aura pas de conséquences au déficits en tous genres, c’est pas un problème. Si une vie passée à regarder le bout de son jardin est mieux ou aussi bien que vivre dans un pays fait l’admiration du monde, ou qui envoie des fusées sur la Lune, c’est pas un problème, ça l’est peut-être pour vous, mais vous êtes minoritaire.
Dire que la société française est profondément unie et soudée peut paraitre provocateur, mais pour tout ce qui est rapport au savoir, importance de l’enseignement, des universités, et aussi les conséquences d’une incurie financière (on pense que ça ne posera jamais problème), et l’absence de volonté d’égaler l’Amérique du Nord, certains pays européens ou asiatiques, il y a un commun accord de gens qui ne sont d’accord que sur ça, des bobos de grande ville au loulous de banlieue en passant par des bourges de province.
Probablement qu’il y a des causes de nature proprement « anthropologique », liées à certaines spécificités de la société française, à son histoire, et un certain nombre de facteurs en interaction. Le fait que les deux derniers siècles aient été globalement dominés par d’autres (anglo-saxons, allemands il y a un siècle), rapport à la modernité tordu et complexe (la France passe en 50 ans d’un pionnier de la SF moderne comme Jules Verne à un torchon comme Ravage de Barjavel et à « La France contre les robots ») ? Tout ça à la fois ? Quel est le rôle de l’immigration ? Elle n’a débuté, pour son volet non européen, que parce qu’on ne s’est pas engagé dans des efforts de robotisation et uniquement avec des personnes qu’on a fait venir (pas d’invasion, et les hommes politiques immigrationnistes ont été systématiquement réélus). Est-ce lié au fait que la France est un territoire historiquement uni par sa construction étatique (c’est pas une unité linguistique, comme l’Allemagne ou géographique), et que quand l’état (et ses élites) qui l’a constituée est devenu à bout de souffle, il a entrainé tout le corps social avec lui ?
Quels sont les liens entre le déclin actuel (à peu près incontestable) et la perte de la suprématie européenne après 1815 ? Quel est le rôle de la catastrophe démographique de la guerre 14-18 ? Est-ce que la France (si je dois donner « mon avis » c’est mon facteur dominant) s’est finalement enfermée après le Second Empire dans une forme de provincialisme frileux, protectionniste (les lois Méline) et conservateur (la France était un peu « larguée » économiquement en 14 comparée aux Anglais, Allemands et Américains), qu’on a pu croire qu’elle en sortirait entre 1945 et 75, mais que le courant historique long a repris son cours par la suite ?
Un de mes amis proches, cultivé et très grand connaisseur en littérature (et pas que française), pense qu’un certain type de culture bourgeoise, trop centrée sur le moi social et liée à la culture du statut social (avec tous les liens avec l’absolutisme royal et la centralisation politique), a étouffé tout souffle extérieur, en récupérant ce qui venait de l’extérieur (le romantisme, la modernité, la science par la suite), mais pour mieux les passer à son tamis et les dévitaliser.
J’ai été formé en sciences humaines il y a deux décennies, j’en suis pas mal revenu avec les années, et je pense depuis des années que les littéraires sont de plus fins analystes des sociétés, et j’aurais tendance à me ranger à son avis, aussi parce que j’ai moi même des raisons de penser de la sorte.
Surtout des questions donc, peu ou pas de vraie réponse catégorique.
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