François,
J’ai dans une vie antérieure eu le plaisir de diriger un pôle strategic intelligence / IE dans un environnement particulièrement stimulant, ultra-concurrentiel et évolutif.
Il existe toute une littérature sur le sujet, des outils fort sympatiques et performants, mais rien ne remplace l’humain, l’expertise métier, l’intelligence au sens noble du terme.
Je définis l’intelligence comme la capacité à appréhender, comprendre et donner du sens (ex à son environnement, à des situations, à des contacts...) au-delà des sens (ex ce que l’on voit, sent, entend, touche...).
La veille n’est qu’un état, une fonction. Le terme d’intelligence économique me parait lui-aussi réducteur : tous les métiers sont concernés et dans une entreprise intelligente, chacun contribue à la compréhension de l’environnement. Il est par ailleurs essentiel de sortir de la sphère de l’entreprise, du point de vue habituel pour remettre en permanence en cause la vision conventionnelle, anticiper les ruptures, améliorer les outils, le pilotage de l’entreprise au quotidien. La confrontation de points de vues complémentaires et souvent contradictoires apporte une richesse d’analyse formidable, et souvent un temps d’avance sur les marchés.
Le concurrent n’est plus considéré comme l’ennemi absolu mais comme un élément d’un écosystème passionnant. Indépendemment de la connaissance de l’autre, on gagne en connaissance de soi, on échange au quotidien de façon constructive, et l’entreprise acquiert plus naturellement une dynamique de leader culturel.
Comme pour l’informatique, il est désormais indispensable que chacun dans l’entreprise ait des notions et sache se débrouiller en la matière... mais pour être vraiment performante et évolutive, une entreprise ne peut se passer d’experts métiers.
Une telle entité n’a de sens qu’au coeur de la stratégie de l’entreprise, ouverte à l’ensemble de ses employés et à son environnement au sens large.
L’ouverture n’est pas nécessairement contradictoire avec la sécurité. Il convient là aussi de faire preuve d’intelligence : il est plus facile de mesurer l’impact de fuites en aval que d’une collecte médiocre en amont, et les dégats les pires ne sont pas toujours ceux que l’on peut voir.
Comme j’avais coutume de l’expliquer à d’autres experts souvent marqués par la grande tradition militaire française, il faut certes être un peu parano pour anticiper le pire, mais aussi un peu schizo pour se mettre à la place des autres... et surtout ne pas trop se prendre au sérieux pour pleinement apprécier le caractère hautement ludique de l’exercice.
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