• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


François-Noel Simoneau 13 juillet 2007 18:52

Merci, camarade poète, de ne pas oublier Cadou.

Peu d’autres ont tenté de le sortir de « ce pays mené de biais par les averses et meurtri dans son cœur par le fouet des rouliers... » et qui, hélas, retient parfois un peu trop la parole dont la force, en traversant les terres étrangères, prendrait force plus encore ! et je me prends à penser aux terres de la Drôme dont n’a jamais voulu se détacher Alain Borne...

Mais, revenant à René-Guy Cadou, j’aimerais certes rappeler que ses amis les plus proches, Jean Bouhier, Roger Toulouse, Michel Manoll, Marcel Béalu, l’ont toujours soutenu. Que Jean Rousselot, dernier à l’avoir aidé à franchir « la barrière de l’octroi », aura beaucoup fait pour le faire connaître, j’en témoigne. Mais après ? Quelques professeurs éclairés, amateurs de poésie, animateurs de revues ... Cadou mérite plus et mieux !

Christian Moncelet, dans un remarquable ouvrage « René Guy Cadou, Les liens de ce monde » (Ed. Champ Vallon, 1983) présente son œuvre avec la compétence de l’universitaire mais surtout avec la ferveur et la simplicité qui conviennent à cette œuvre toute de tendresse et d’attention au monde. Tu pourrais utilement ajouter le travail de Moncelet à ta bibliographie. De même que la lecture subtile et sensible de quelques poèmes, autrefois enregistrée par Daniel Gélin, mériterait de figurer dans une discographie.

Je n’ai sans doute pas vu tous les articles que tu as consacrés à la poésie bretonne mais je regretterais que tu n’aies pas évoqué la haute présence de Paol Queinnec dont me restent en mémoire les « Hommes liges des talus en transes » :

"...j’imagine un pays d’étonnante fureur minérale

guettant l’odeur des fusils au cœur des capitales

un pays d’espoir et de rouges-gorges incendiés

descendant des collines vers les villes étouffées

-et les fleuves mus par les chaudières du vent se scindent à son approche -

j’imagine que l’envahissent les arbres

arbres sauvages aux fruits épais comme des chats huileux arbres dépositaires du tronc des feuilles et de nos racines

arbres bâtisseurs filtrant les soleils qui bouillonnent par le delta de nos racines

arbres en ruine sur le terrains vagues grands arbres sillonnés d’oiseaux et de chenilles

ifs nourris d’ossements et de vent pins jonchés de sève chênes dont on fait chaloupes et goélettes

et vous chouettes bulbeuses accrochées dans l’espace de leurs branches piverts buvant l’écorce par saccades buses rouges déchiquetant le lichen des béliers en rut

arbres chauds et poitrinaires qui tendez les naseaux dans les réseaux du vent

je contemple ce pays bâti de coteaux et de criques

cerné de climats douçâtres

traqués de tourbes révolues

outrepassé de tumeurs pâles et de pustules

où il n’y a pas de place pour le paysan seigneur des terres immobiles

pour le prolétaire en usine combattant les négoces et les engrenages féroces... "

(Paol Quéinnec, « Hommes liges des talus en transes », P.J. Oswald, Honfleur, 1969)


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès