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Reinette Reinette 13 juillet 2007 17:12

La novlangue est en route...

Le voisin de comptoir vous parle de la croissance qui « devrait tout arranger » ? ; Tonton Jean-Paul déplore « l’échec de l’intégration à la française » ? Le collègue de boulot évoque « l’impossiblité de faire des réformes dans ce pays » ? : Vocabulaire de marché, catalogue du prêt-à-penser...

La propagande du quotidien est élaborée et répandue par des milliers de personnes, à des places très variées - membres de cabinets ministériels, juges anti-terroristes, chroniqueurs de radio, directeurs de la communication chez les lessiviers, etc. - qui sont sortis des mêmes écoles et qui s’échangent en permanence postes et compétences. Ce groupe est homogène par sa formation et surtout par un intérêt commun à ce que rien ne bouge.

L’essentiel est de gommer, d’estomper le litige. Pour cela, l’un des procédés les plus utilisés par la « propagande du quotidien » est l’euphémisme : il n’y a plus de grèves mais des mouvements sociaux, plus de chômeurs mais des demandeurs d’emploi. Et il n’y a même plus de pauvres : ils sont remplacés par des gens « de condition modeste ». Il n’y a plus d’opprimés, seulement des « exclus », il n’y a plus de classes, encore moins de lutte qui les opposerait, il n’y a que des couches, des catégories, des tranches...

Bref, il s’agit de remplacer le peuple - mot porteur d’un litige fondamental - par un ensemble comptabilisable de consommateurs, de sondés, d’usagers, d’électeurs et de contribuables. Dans le même temps, on utilise l’emphase pour discréditer les grèves qui sont comparées à des prises d’otage. Ça relève du même mécanisme, celui de l’anesthésie. Tout devient dérisoire et absurde.

Beaucoup de ces « concepts » sont issus du langage des publicitaires. D’ailleurs les échanges entre le langage des publicitaires et celui des politiques sont constants.

À quoi sert cette mascarade ? À nous convaincre que l’oligarchie médiatico-politico-financière qui régit ce pays n’est pas seulement « rigoureuse », « déterminée », « inflexible », mais qu’elle est aussi « à l’écoute », soucieuse de « solidarité », proche du « terrain »... Bref, que le bon-papa collectif qui règne sur la grande cité pacifiée est non seulement sévère mais aussi proche de nous et même affectueux.

(Un mot sur la concentration de l’édition et de la presse : Les ordonnances de 1945 qui prévoyaient que les puissances d’argent n’aient plus la mainmise sur la presse d’opinion ont été totalement oubliées. La presse française est dans une situation pire qu’avant-guerre, au temps des « deux cents familles » : que les 3 principaux quotidiens nationaux soient dans les mains de Lagardère, Dassault et Rothschild est tout à fait exorbitant.)


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