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Francesco da Vinci 4 octobre 2007 00:34

On peut certes déplorer que seulement environ 5% des demandes de brevets européennes soient déposées en français contre près de 70% en anglais et le reste en allemand. Je ne pense pas que le protocole de Londres y soit pour grand chose. Par contre, il est certain que l’étape suivante, si le protocole de Londres n’était pas ratifié, c’était très certainement le brevet européen uniquement en anglais. A ce titre, la ratification du protocole de Londres est à coup sûr une défense, certes réduite, mais néanmoins certaine de la place de la langue française.

On peut déplorer la place qu’a prise l’anglais dans le monde des affaires, mais c’est une réalité objective et il me semble difficile de justifier qu’une entreprise française voulant se développer à l’international ne soit pas capable ou ne veuille pas mettre les moyens pour pouvoir s’exprimer et vendre ses produits dans la langue de Shakespeare...

Peit commentaire en passant sur votre article, le plus gros client de la France étant l’Allemagne, le protocole de Londres les obligera à lire nos brevets français en français, ce qui me semble loin d’être négligeable pour la « défense » de la Langue Française...

Le combat d’arrière-garde mené par quelques personnes ayant d’autres intérêts que la défense de la langue française (voir par exemple l’article fort amusant et instructif du blog de M. Breese 1240 signataires de la pétition contre la ratification du protocole de Londres : 95 % de traducteurs sont hostiles à la ratification ... http://breese.blogs.com/pi/2007/08/1240-signataire.html).

Travaillant dans le domaine, je peux affirmer qu’il est clair que la validation d’un brevet dans 4 à 5 pays européeen multiplie par un facteur d’environ 3 le coût de celui-ci (en gros on passe de 6000€ à 20000€) et ce surcoût est largement dû aux traductions (et la traduction en anglais est de loin une des moins chères...).

Autre information ayant tout son « piquant » dans ce contexte. Si vous voulez étendre votre brevet français en Chine, au Japon, en Corée... il est souvent bien meilleur marché de traduire d’abord votre demande en anglais, puis ensuite en chinois, japonais ou coréen, plutôt que d’essayer de le faire directement à partir de votre texte français.

De plus, il a été fait grand cas de la défense de la langue française, mais allez donc voir sur le site de l’INPI la disponibilité des traductions en français des brevets européens délivrés et applicables en France : elle est nulle, car non disponible en ligne, alors que le texte du brevet délivré (principalement en anglais, on l’a vu) est disponible gratuitement sur le site de l’Office Européen des Brevets (espacenet). Comme large diffusion de la langue française, on pourrait faire mieux !

En conclusion, je dirais que ce protocole de Londres permet de figer un état actuel, certes pas très brillant mais néanmoisn réel de la place du Français dans le monde de la technique, mais que le vrai problème n’est pas là. Si les boites françaises et les universités et autres labos de recherche investissaient beaucoup plus massivement dans l’innovation, cette question ne se poserait pas (on pourrait rêver à un tiers de brevets européen déposés en français...). Le protocole de Londres en fournit le cadre juridique, mais la matière reste à y être mise... C’est bien là le vrai fond du problème.


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