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Crépuscule 2 novembre 2007 07:39

Votre article de « l’illusion » des « handicapés » et « intégration » m’interpellent vivement.

Et rien que les termes employés réduisent considérablement les droits de la personnes handicapées dans l’unique image que vous vous en faites... Il faut aussi reconnaître que la France a un sacré retard dans ce domaine.

En effet, la personne « handicapées » est un être humain à part entière.

Voici quelques explication sur les notions actuelles que nous devons plutôt abordées depuis plusieurs années :

Des militants défenseurs des personnes souffrant de handicaps (Hurst, Gray) ont contesté le fait que la CIH (Classification Internationale du Handicap) se limite au domaine de la santé. Dans leur esprit, il ne s’agissait pas seulement de lutter contre le pouvoir des médecins, abusif selon eux, mais surtout de combattre les phénomènes de ségrégation qui confinent les « personnes avec des incapacités » dans un espace défini par une spécialité. Pour eux, les personnes souffrant de handicap sont une minorité opprimée, au même titre que les Noirs, les homosexuels ou les femmes (minorité, celles-ci ?).

Analysant les ambiguïtés du concept de handicap attribué au malade mental, il attirait l’attention sur les risques potentiels : « La reconnaissance du malade comme sujet de droit, dans sa citoyenneté à laquelle on ne peut qu’adhérer, risque d’être doublement annulée par :
- la dissolution du soin dans une “prise en charge” ;
- l’abandon plus ou moins dissimulé par les allocations dans un milieu ordinaire rejetant ;
- le renvoi de l’échec de l’insertion du malade à sa seule problématique personnelle (son handicap). » L’arrivée de la CIH est venue renforcer les craintes de dérive de la loi d’orientation de 1975 encore présentes dans les esprits ; attitude renforcée en France par le clivage ancien (Pinel, Esquirol) entre ce qui renverrait à une sorte de chronicité fixée et qui camperait du côté du handicap, et ce qui serait de l’ordre de la maladie, de l’amendable, du mobilisable, du curable.

Cette notion de handicapé-handicapant est bien au coeur de la pratique pédopsychiatrique et, au-delà, des pratiques en santé mentale.

Dans le modèle social du handicap qui s’oppose à ce modèle médical, « le handicap n’est pas un attribut d’une personne mais plutôt un ensemble complexe de situations, dont bon nombre sont créées par l’environnement social (...) le handicap devient une question politique ».

Pour Rosanvallon le modèle du handicap est un modèle dangereux, s’il n’est pas strictement limité à des situations...limites, et ne saurait inspirer quoique ce soit au niveau de la question générale. Rosanvallon a raison d’écarter une société d’indemnisation passive qui nous ferait revenir au clivage ancestral dégagé par Castel. Mais le modèle du handicap, tel qu’il s’en sert, est singulièrement appauvri. D’abord parce qu’historiquement le modèle du handicap est précisément l’inverse de ce que prétend Rosanvallon. Si l’on a été cherché ce terme sportif et turfiste c’est précisément pour marquer que la charge et le poids qui pèsent sur certain sont compensables, que le handicap est une manière d’être concurrent, de rentrer dans la course. Le handicap c’est le modèle d’une société qui entend normaliser, rendre performant, égaliser les chances. Le modèle du handicap c’est la réadaptation, le reclassement. Et c’est précisément sur cette ligne qu’il y a eu installation d’une discrimination positive, laquelle est toute autre chose et bien davantage qu’un simple assistanat. Pour discuter avec pertinence il ne faut par commencer par réduire le modèle du handicap à la seule indemnisation, comme si tout se ramenait à une allocation, comme si le statut de handicapé se résumait en celui d’exclu.

Au moment où un débat battait son plein autour de la réforme de la loi dite d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975, une des grandes questions qui se posait est celle du rapport entre le droit commun et la spécificité des personnes handicapées. Ne serait-ce pas l’occasion d’obliger les différents corpus juridiques, à intégrer cette spécificité ? Non pas donc donner un statut à part, mais ouvrir le droit commun, et donc les espaces communs, à des différences patentes. Le grand apport des personnes handicapées c’est de poser la question de l’articulation entre un universalisme républicain basé sur les droits et devoirs des individus et la prise en compte de singularités qu’une démocratie digne de ce nom ne saurait négliger.

MODELE SOCIAL Le handicap est une conséquence de l’absence d’aménagement des environnements ordinaires.

1/ Approche environnementale : Traitement : mise en accessibilité et adaptation de l’environnement avec un contrôle accru des personnes sur les services et les soutiens Responsabilité de la société : Identification et élimination des barrières architecturale, sociales, économiques et psychologiques

2/ Droit de l’homme : Le handicap est du à un problème des organisations sociales et de rapports entre la société et l’individu. La situation d’handicap est inhérente à la société. Traitement : reformulation des règles économiques, politiques, sociales

Les 2 variantes du modèle individuel ou médical 1/ La personne est paralysée : approche médicale (cf. : déficience) 2/ La personne ne peut pas marcher : approche fonctionnelle (cf. : incapacité, limitation activité)

Les 2 variantes du modèle social : 1/ L’immeuble est inaccessible : approche environnementale (cf. : aménagement de l’environnement) 2/ La société est discriminative et ségrégative : approche politique/inégalités des droits du citoyens (cf. : non discrimination)

Modèle intégré : approche environnementale Le handicap est lié à un problème de rapport entre l’individu et la société. Traitement individualisé : Autonomie : aides techniques, adaptation des cadres de vie (logement, école, poste de travail, etc) Médiation : service, accompagnement, aide humaine

Traitement collectif :
-  Accessibilité de l’environnement
-  Réduction des barrières architecturales, sociales
-  Reformulation des normes régissant l’organisation et le fonctionnement des milieux ordinaires (juridiques, réglementaire, culturel...) Responsabilité de la société : identification et élimination des difficultés individuelles et les barrières psychologiques et sociales

Principaux changement entre CIH et la CIF CIH : Déficiences, Incapacités, Désavantages CIF : Déficiences, Activités, Participation, Facteurs environnementaux

• Représentation du handicap sur la société Pendant très longtemps en France et dans le monde, la définition du handicap reposait sur la notion de déficience sans prendre en compte le contexte social de chaque situation. Cela a renforcé l’approche négative de la personne handicapée. La définition du handicap a évoluée, mais pas ou très peu la représentation que se fait la société de la personne handicapée. Celle-ci n’est vue que par déficience, manques, perturbations...Quand on sait l’importance du regard de l’Autre pour la construction de l’Image de Soi et pour les prises de risques dans l’action, il y a long travail à faire pour que la société change ce regard.

Ce qui est possible avec les élèves dépend de la représentation que l’on se fait d’eux. Plus nos demandes seront exigeantes en considérant la capacité du jeune à y répondre, plus le jeune cherchera les moyens d’avancer pour aller plus loin et répondre du mieux possible à nos attentes. Cela induit aussi l’attitude du professeur par rapport à l’élève : Si la représentation du handicap est basée sur la déficience, le comportement va se situer sur un versant plus affectif, sentiment de protection mêlé à un peu de pitié ( oh, le pauvre !) et les exigences comportementales vont chuter. Les rapports professeurs/élèves seront déviés. Si la représentation du handicap s’appuie sur la définition de l’OMS, l’attitude de l’enseignant s’adaptera au contexte social dans lequel le jeune handicapé se trouve. Si l’élève est dans un contexte de classe au collège, l’exigence du professeur devra répondre aux critères attendus d’un élève dans ce contexte là. Cela n’empêchera pas d’adapter certaines consignes mais en gardant l’objectif fixé par la situation en vue. De cette manière, le professeur donne la possibilité à l’élève handicapé de ne pas avoir de désavantage social dans certaines situations malgré ses déficiences.


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