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Manuel de Survie Manuel de Survie 16 octobre 2007 23:12

On reconnaît chez Voltaire les rengaines éculées qui ont servi, depuis des mois, à contourner toute épreuve démocratique, à se dérober à toute négociation franche, et à garder un contrôle sans partage sur la constitution du Mouvement Démocrate.

Tentatives pitoyables de maladresse et de naïveté, vouées à l’échec, dès le départ. Elles se fondaient sur une méconnaissance profonde des intérêts en jeu.

Examinons de plus près les arguments de Voltaire.

« Il [Benjamin Sauzay] ne lui est donc pas venu à l’idée que, peut-être, c’est à la demande de ses militants que Bayrou a été obligé d’accélérer la cadence, pour que les têtes de listes puissent commencer à se faire connaître et faire campagne ».

Tiens, comme c’est étrange ! Bayrou est comme Benjamin Sauzay ! Il ignore l’urgence des investitures. Il croit qu’on peut faire campagne « en trois mois ». Et il faut que « ses » militants l’obligent à accélérer ! « Ses » militants ?

Quel état de décomposition organisationnel faut-il supposer pour expliquer que « ses » militants n’aient pas prévu un Congrès constitutif tenu suffisamment tôt pour investir des candidats aux municipales dans les règles ? Quel état de panique faut-il supposer pour le calendrier s’improvise comme sous la pression des événements, quand les échéances sont connues depuis six mois ? Passons.

Les Verts, maintenant. « Quand j’entends parler de démocratie, je sors mon épouvantail Vert ». Mais alors, Voltaire, pourquoi s’appeler Mouvement Démocrate, si vous y voyez une allusion au fonctionnement interne des Verts ? Il n’y aurait pas d’alternative ? Une alternative démocratique, qui serait à la fois « juste et efficace » ? Non ? Trop naïf ? Vous croyez pouvoir tout miser sur le populisme, la confiance envers Bayrou ? Erreur, Voltaire, la démocratie, ce n’est pas forcément le bordel. C’est même tout le contraire, en l’occurrence.

Les élus de l’UDF, maintenant. L’argument est meilleur. Oui, selon moi, nous avons souvent besoin des élus UDF, pour mener des listes, et faire élire de nouveaux adhérents dans leur sillage. Pourquoi nous prendre pour des imbéciles, au point qu’il est inconcevable pour vous de nous le faire comprendre ? Nous savons bien qu’une part du jeu doit se jouer classiquement. Mais souvenons-nous des erreurs grossières commises à l’occasion des investitures aux législatives, et des résultats très décevants qu’elles ont engendrés. Là encore, l’incompétence est éclatante. Combien de fois croyez-vous pouvoir nous refaire le coup du pragmatisme, en échouant misérablement à chaque fois ? Les primaires sont aujourd’hui le seul moyen de ne pas persister dans l’erreur.

J’en viens au dernier point. Voltaire suppose que des primaires auraient forcément pour conséquence de priver les candidats de leur liberté d’action, en particulier en matière d’alliance. Pourquoi ? D’où lui vient cette idée ? C’est exactement le contraire. Les alliances ne seront comprises et suivies que si elles passent par un processus d’investiture légitime. Agiter l’épouvantail d’une « manoeuvre de destabilisation interne » est un procédé grossier, qui laisse entrevoir à quel point on spécule sur notre naïveté, en même temps qu’on nous la reproche.

L’UDF, en tentant de prolonger son contrôle sur le MoDem, a provoqué une crise grave qui lui coûtera bien davantage que ce qu’elle n’a pas voulu risquer. Il est encore temps, Voltaire, de réévaluer la situation.

Au fait. Dimanche dernier, plus de trois millions d’Italiens ont participé aux primaires qui élisaient les délégués à la Constituante du Parti Démocrate. Vous ne voyez rien de mieux à faire, pendant ce temps, que de creuser la tombe du MoDem ?


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