Cet article m’ayant été pour l’instant refusé par Agoravox, je vous le livre ici !
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Ingrid Betancourt : déraison d’Etat
Après vous avoir présenté les protagonistes de ce malheureux dossier (Ingrid Betancourt : et si on se plantait complètement), j’imagine que, comme la plupart de mes concitoyens, vous avez suivi avec espoir ou scepticisme les derniers développements de l’Affaire.
Pour ce qui me concerne, j’avoue avoir été (heureusement) surpris par les preuves de (sur)vie de ladite Ingrid. A la longue, j’imaginais qu’elle était peut-être morte. Comme vous, j’ai suivi la théâtralisation présidentielle, avec message personnel à Marulanda et tout le tralala. J’ai également relevé la hargne anti-Uribe de Chavez, décuplée par son échec au référendum (lequel, comme en France, sera bientôt oublié par des mesures qui, cette fois-ci, se passeront de l’assentiment populaire).
Je ne sais pas vraiment si je dois rigoler quand j’entends notre Président en appeler à l’humanité d’un vieux guérillero endurci, qui partage avec Kadhafi et quelques autres de tristes records d’inhumanité, ou s’il faut au contraire s’affliger de notre myopie ou, plus certainement, de notre immense arrogance, mâtinée de complaisance et d’ignorance.
Les FARC viennent de confirmer une nouvelle fois leur sens tactique (et ouais, on ne survit pas quarante ans à la haine de tout un peuple sans un certains sens de la manœuvre). Clara Rojas, la proche collaboratrice d’Ingrid qui avait refusé d’être libérée en 2002 pour rester aux côtés de son égérie, son fils, fruit d’un fascinant syndrome de Stockholm ainsi qu’une malheureuse parlementaire malade vont être libérés, annoncent les FARC. Pas à n’importe qui, au frère Chavez, que la guérilla replace ainsi au centre du jeu, d’autant plus qu’il ne se cache plus de ses sympathies pour cette vieille guérilla stalinienne, qui partage avec lui son aversion des institutions colombiennes. Ingrid, c’est par pour tout de suite, pensez donc ! Un si bel atout dans les mains râpeuses des vieux guérilleros ! Ingrid, la malheureuse qui permet à la guérilla d’obtenir un certain répit militaire et de déchaîner contre Bogota les bataillons d’idiots utiles au premier rang desquels figurent Nicolas et François !
Partagé entre l’ironie que m’inspire la naïveté de nos dirigeants (ou leur obsession de la communication) et la rage que suscitent de tels errements, je lis ces propos ahurissants du Premier ministre : « Le monde entier a les yeux rivés sur la Colombie, sur Ingrid Betancourt et sur l’action du président Uribe. Le président Uribe doit être celui qui va permettre la libération d’Ingrid Betancourt. C’est plus important que tout pour lui et pour son pays » et je bascule définitivement vers l’indignation.
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