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En réponse à :


Philippe Vassé (---.---.185.102) 3 janvier 2008 13:50

A l’auteur,

Votre article a le mérite de remettre un certain nombre de vérités, à vrai dire assez connues et admises de nos jours, en perspective.

Certains aspects qui sortent du contexte et relèvent des opinions personnelles peuvent prêter à critique, voire à correction, car, souvent, en Histoire, les choses et les causes des choses sont plus complexes, voire plus diverses qu’un survol rapide peut le laisser croire.

Ainsi, les rapports interdépendants entre nomades des zones désertiques ou semi-désertiques et les sédentaires urbains au début de l’Islam en Arabie semblent vous avoir échappé. A l’époque, plus que de « razzias », mot que vous utilisez sans en expliquer bien le sens selon vous à l’époque, on pratique aussi la guerre de destruction des biens mobiliers et immobiliers, voire parfois le massacre collectif, comme on le faisait depuis des millénaires dans la région.

Il en fut ainsi entre divers tribus arabes -au sens générique du mot-, mais surtout des tribus juives qui furent anéanties au début de l’Islam, pour des motifs qui sont clairement à la fois politiques ET économiques, certes cachées sous un discours religieux : la création d’un pouvoir central fédérateur qui deviendra le califat.

Oui, je dis bien ; politiques ET économiques, car votre article me semble avoir totalement « abandonné » ce point essentiel qui se conjugue étroitement avec les intérêts économiques : pouvoir politique et pouvoir économique n’étaient pas à l’origine dans les mêmes mains, tant en Arabie, qu’en Palestine juive ou en Europe christianisée.

Les conflits « religieux », mais aussi les « dogmes imposés » des religions tendront donc à unifier les deux pouvoirs, à les fondre en un seul, parfois complété par le pouvoir spirituel alors aussi bien séculier.

Autre chose : la place et le rôle des religions dans l’Histoire de l’humanité a changé selon les sociétés et leur environnement. Donc, la loi que vous postulez n’est ni éternelle, ni absolue, elles est relative et localisée.

De même, établir une « loi » applicable pour les 3 principales religions centralisées à vocation de pouvoir politique et économique et l’appliquer ensuite à des courants philosophiques extérieurs par essence à un pouvoir politique (hindouisme, shintoisme, taiosme, bouddhisme, etc, sans véritable structuration organisée) est une extrapolation absurde qui en plus méconnaît les passés des sociétés en question.

Même en Chine ou en Inde où des dirigeants voulurent utiliser ces philosophies comme « moyens politiques », ils ne réussirent qu’à semer troubles et confusions contre leur propre régime.

L’Histoire de l’Europe n’est pas l’Histoire du monde ! Il serait temps de comprendre que l’Europe est une petite partie de la planète et non son centre depuis la nuit des temps.

Je passe aussi sur l’assimilation du marxisme ou du capitalisme à une religion, de plus monothéiste. Là, on est dans l’aberration pure.

Enfin, peut-être parce que vous avez été emporté par votre sujet- ce qui est humain- vous évoquez l’intégration de la démocratie dans la « culture judéo-chrétienne ».

Sans même préciser ce que vous mettez dans cette formule fort ambigüe par essence....

Là, ce n’est plus une erreur, c’est une absurdité historique doublée d’une grande ignorance culturelle : la démocratie et ses principes sont nées, pour l’Europe, en Grèce, sans influence ni juive, ni chrétienne, ni d’aucune religion monothéiste.

D’une certaine façon, la démocratie est aussi ancienne que l’humanité si on considère bien entendu les formes différenciées qu’elle prit dans le passé. Les ethnologues savent ce que furent les Conseils tribaux avant la colonisation en Amérique et en Afrique, où les débats étaient vifs, libres et sincères, voire l’élection des chefs militaires et/ou politiques dans ces tribus dites, par les colons envoyés par des monarques, « primitives ».

Sous les deux religions citées dans l’expression utilisée, comme pour l’Islam, la démocratie et les libertés qui y sont liées ont toujours été reniées et rejetées, en France comme ailleurs, comme contraires par essence au dogme religieux qui doit dominer tout faute d’être destitué de sa place prépondérante.

Il a fallu des révolutions, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Italie, en Russie, en Europe Centrale pour que puissent apparaître des lois démocratiques, parfois timides, puis la République, comme au Bhoutan voici quelques jours à peine.

Dans tous les pays où la démocratie a resurgi de son passé très ancien, c’est contre les religions et les pouvoirs politiques qu’elles soutenaient qu’elle s’est imposée, parfois avec la nécessité de la violence contre l’ancien ordre des choses.

Ces remarques complètent donc les oublis du texte et se veulent éclairer ces lacunes ou erreurs factuelles, que j’espère involontaires.

Bien cordialement,


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