@ L’auteur,
"""Il ne doit pas se sentir en règle avec la société une fois accomplie sa tâche."""
Cette tactique administrative existe depuis longtemps dans au moins une administration : l’Education Nationale. La culpabilisation y est d’autant plus facile que l’enseignant ne travaille pas sur du matériau mais sur de l’humain : traiter des dossiers dans une perception ou enseigner, ce n’est pas comparable.
La tâche d’infantilisation revient aux IDEN ou aux IPR, qui sont, d’un côté chargés d’évaluer les méthodes et l’efficacité de l’enseignant, et d’un autre côté, de le noter. Vous vous demanderez sans doute pourquoi je distingue ces deux aspects. La réponse est assez simple : que l’enseignant soit méritant au plus haut point importe peu, puisque de sa notation dépendra sa rémunération, par le passage à des échelons supérieurs. Et on ne passe que d’un échelon au suivant.
Plaçons-nous dans un cas de figure qui est plus courant qu’on ne le pense : l’enseignant inspecté fournit un travail remarquable, bien supérieur à la "moyenne" des collègues. MAIS, il n’a que 30 ans et a déjà gravi 5 échelons "au choix" (mérite). Compte tenu de son statut, il ne peut passer que d’un échelon au suivant, sans pouvoir en "sauter" quelques-uns. Donc, quel que soit son mérite, la note sera "moyenne" et il ne pourra progresser que du 5° au 6° échelon. Et s’il a déjà bénéficié de plusieurs promotions au mérite, il sera rétrogradé au tableau d’avancement.
L’inspection ne pourra donc que lui attribuer la note moyenne correspondant à son échelon et non celle représentant sa valeur réelle, et sa prochaine promotion, il l’attendra patiemment, comme tout le monde. De quoi décourager le travail. Alors, l’administration n’a d’autre choix que de lui accorder (éventuellement) une "distinction honorifique", un hochet.
Que se passera-t-il avec les propositisions Attali ? C’est beaucoup plus vicieux encore, car l’enseignant sera jugé sur sa capacité à faire progresser tous les élèves d’une classe, et non les plus doués ou les moins bons. Et il sera évalué à la fois par son inspection, par son chef d’établissement, par les parents et par les élèves. C’est merveilleux, mais je crois que l’enseignant qui réussira à être apprécié positivement de tout ce monde se fera de plus en plus rare. Ce sera donc un frein au mérite et donc un motif de ne pas faire évoluer sa carrière. L’enseignant est condamné à ne pas voir son traitement évoluer. Dans ces conditions, le résultat sera exactement opposé à celui qui est annoncé : le "mérite" sera totalement dévalué. On n’arrête pas le progrès.
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