Puisqu’il est tard et que tout le monde a pu s’exprimer et tenter de répondre à la question de base qui était "suis-je un troll à la solde de Monsanto", je veux encore dire les choses suivantes :
- Il est clair que la majorité des opinions qui sont exprimées ici reflètent l’ambiguïté de la manière dont Marie Monique Robin a traité son sujet sur les OGM.
En effet, on s’aperçoit ici que la plupart des intervenants ne viennent pas discuter le propos du débat mais viennent exposer leurs arguments anti-OGM ou anti-Monsanto. Or il s’agissait de discuter ici, si un auteur a le droit de réfuter a priori des arguments critiques à l’égard de son propre discours en les stigmatisants d’entrée de jeu sans prendre la peine de les examiner plus avant. Autrement-dit, a-t-on le droit de clore un débat avant qu’il ait commencé ?
Cette technique employé par MMR a pour conséquence de verrouiller le débat et d’empêcher toute contradiction et donc tout dialogue.
L’angle choisi par MMR est le suivant : "regardez, Monsanto a toujours fait de mauvais produits, donc les OGM se situent dans cette continuité." En fait il s’agit d’utiliser l’image déplorable de Monsanto pour diaboliser les OGM.
Comme il semble impossible de "sauver" l’image de Monsanto (armes chimiques, agro-chimie exubérante), il semble également impossible de sauver les OGM.
Or une autre lecture de l’histoire est possible : d’une part l’histoire de Monsanto au 20ème siècle coïncide avec l’histoire de la chimie (coca-cola, aspirine, caoutchouc, intrants....). Avec l’arrivée des biotechnologies et de la transgenèse végétale, Monsanto a vu l’occasion de passer de la chimie industrielle à l’agrofourniture et donc d’évoluer vers une agriculture toujours aussi productive, mais plus propre.
Un des argument, parmi d’autres, qui me permet de dire cela c’est le fait que Monsanto s’est très tôt doté d’une charte, ce alors même qu’elle ne cultivait pas d’OGM, ne communiquait pas à l’égard du grand public et n’avait nul besoin de se justifier à l’égard des ONG : « réduction du gaspillage, opérations sanitaires, agriculture durable, attention portée à l’eau du sol, ouverture vers la société civile, optimisation de la profitabilité de la nature, nouvelles technologies. » (1990) Aussi dans l’esprit des acteurs qui ont été à l’origine de cette conversion, il y avait bien cette conscience que l’on ne peut plus continuer d’utiliser de manière intensive la chimie.
Chez Monsanto, il y avait les idéalistes qui voyaient les OGM comme la possibilité d’une agriculture plus propre et des opportunistes, qui ont vu au travers de l’agriculture intégrée la possibilité d’instituer un modèle économique redoutable.
Aujourd’hui, la plupart des OGM en culture ne permettent pas de se passer d’intrants, mais de l’avis de tous ceux qui l’utilisent et des plus hautes autorités scientifiques, ils permettent une agriculture plus propre (ex : pour les plantes résistantes au Round Up, on utilise une plus grande quantité du même pesticide, mais un moins grand nombre de différents pesticides, et donc au final, une moins grande quantité de pesticides.)
Au final, le "passage aux OGM" peut être vu comme une continuité dans la production des "mauvaises technologies" (c’est la thèse de MMR), a contrario, il peut être vu comme une prise de conscience de l’impossibilité de continuer sur cette voie de l’agro-chimie, doublée de l’opportunité commerciale de l’agriculture intégrée.
Dans un cas, on utilise le "diable Monsanto" pour diaboliser les OGM, dans l’autre, on lui offre la rédemption.
Ce qui est certain c’est que la possibilité de faire des OGM ne s’arrête pas à l’histoire de Monsanto. Ne serait-ce que pour la privatisation du vivant : on a d’une part les brevets utilisés par Monsanto et d’autre par les COV défendus au niveau de l’Union européenne. De même les possibilités proposées par les OGM ne s’arrêtent pas aux OGM résistants au round up. Il y a également des plantes OGM résistantes à la sécheresse et une quantité d’autres projets compatibles avec un modèle d’agriculture durable.
Pour répondre plus haut à la question qui m’a été posée sur la coexistence, ayant soulevé moi-même le débat, je peux affirmer sans craintes qu’il existe des solutions pour permettre celle-ci.
Enfin, pour ce qui regarde le principe d’équivalence en substance ou l’affaire Pusztaï, sujet traités par MMR, je renverrai aux chapitres correspondants de mon ouvrage, où les sujets sont traités de long en large. Cela vaut également pour MMR, sachant, que mon travail expose, à la différence du sien, les positions des partisans et des opposants.
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